Amendes pour le peuple et privilèges pour les «proches»

Le droit à la rente face à l’obligation du silence

Pourquoi parler de scandale en réaction au décret du chef du gouvernement El Othmani (publié au Bulletin officiel le 12 août 2020) portant sur la nomination des membres de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité (ANRE) dont 6 désignés par les deux présidents des deux chambres du Parlements et ténors du PAM et de l’USFP ?

Dans la pratique politique, c’est une monnaie courante de cautionner les siens et les placer dans des postes de responsabilités pour en gagner la sympathie et l’allégeance. Des postes qui garantissent des revenus minimum de 70.000 dirhams par mois. Voilà la véritable définition de la rente, non du scandale. C’est le système de rente pour ceux qui le méconnaissent encore.

Même dans le dictionnaire Larousse, scandale est défini par un fait, un acte estimé contraire à la morale, aux usages ou une grave affaire malhonnête, honteuse, qui a un grand retentissement dans le public. Or ce qui se passe actuellement n’est pas nouveau. La sphère politique profite du système de rente. Et le grand public, résigné, l’accepte. Résigné car il est abattu à coup de décisions, de décrets-lois et d’amendes qui le réduisent au silence.

Et simultanément, dans le même bulletin officiel, des décrets publiés qui font profiter des partis politiques des bienfaits de la rente. Deux poids, deux mesures. Depuis le début de la pandémie, le nombre de lois répressives a marqué un record imbattable, de même que les décrets des nominations et des passe-droits enveloppés dans des lois.

Ce qu’il faut combattre, c’est le système de la rente qui a fait perdre au Maroc 115 milliards de dirhams dans la seule affaire de détournements des deniers publics de la CNSS et dont l’enquête et les procès marathons n’ont jamais abouti à délimiter les véritables responsabilités ni à restituer l’argent volé.

La rente, synonyme de l’argent facile, apprend le vol. La rente a plusieurs formes. Elle s’apparente à l’agrément de transport (taxi, autocar…), à la licence de pêche ou de carrières de sable, comme à des nominations à des postes de responsabilité avec des revenus faramineux pour des personnes qui ne sont pas à la hauteur. Par ces actes, l’on ne cherche pas à habituer les Marocains d’en bas aux scandales liés à la rente mais l’on cherche plutôt à les habituer à «tolérer» l’impunité de certains Marocains d’en haut.

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