Amazigh ou Arabe ?. un débat à dépassionner

Les « berbéristes » considèrent les autres comme des colonisateurs « 3roubia » dont l’allégeance va plutôt vers le « Mashreq ».


A remuer de vielles questions historiques, on sait davantage quelque chose sur nousmême. Très peu de thèmes créent un sérieux débat entre des têtes qui se veulent pensantes et savantes parmi nous, loin des « guéguerres » des partis politiques, des histoires« People » interminables destinées aux consommateurs ou le foot.

C’est ce que je me suis dit en lisant un dossier consacré par un journal à l’origine des habitants du Maroc, discutée et analysée au fil des années pour tenter d’apporter une réponse. Gageant que quelle que soit la réponse, celle-ci n’aura pas l’unanimité. Désolé d’entrer directement dans le vif du sujet sans « préliminaires » car on en parle souvent et chacun a son mot à dire. Ce sujet possède tous les éléments possibles pour initier un débat national. Un débat qui pourrait cependant partir dans tous les sens car nous avons d’un côté les « militants » de l’amazighité et de l’autre les défenseurs d’un Maroc à identité unique, en l’occurrence : arabo- musulman. C’est qui est en soi discutable. Un débat qui n’a pas intérêt à être exacerbé mais plutôt « dépassionné » et dont les protagonistes ne devraient pas rabâcher le même discours à coup de « victimisation » et de « marginalisation » comme ce fut le cas par le passé pour des raisons idéologiques. Sachant que le Maroc a été toujours considéré par les historiens, depuis l’époque romaine, comme une terre où plusieurs cultures et ethnies s’enrichissant l’une de l’autre pour donner le Maroc d’aujourd’hui et qui est toujours donné comme exemple d’une riche diversité humaine. Une réalité occultée et qui conduit à une cécité historique à propos d’un Royaume millénaire ancré dans la pluralité que les « farouches » défenseurs des deux camps, cherchent à le réduire.

Les « berbéristes » considèrent les autres comme des colonisateurs « 3roubia » dont l’allégeance va plutôt vers le « Mashreq » et leur conception plus particulière de la religion. De leur côté les « arabophones » soupçonnent une menace des autres. Un argument fallacieux, une forme d’épouvantail menaçant l’unité nationale et des fonds culturels qui nous unissent.


Les temps ont changé et l’ère nouvelle inauguré par la Constitution de 2011 et qui a préparé l’adoption de l’année Amazigh tant attendue et qui a été célébrée tombeurs battants le 14 janvier dernier. L’identité marocaine est multiple, riche, que l’on le veuille ou non, et qu’on ne peut pas réduire à un débat stérile : Arabe vs Berbère. Le Maroc est un lieu de brassage culturel, pays carrefour. On est tellement mélangé que l’on ne peut pas distinguer qui est Berbère ou Arabe. Le Prophète de l’Islam n’a pas manqué d’insister sur les distinctions tribales et leur effet nocif.

Ce concept « 3assabia » que certains sociologues, paraphrasant le grand Ibnou Khaldoun, appelle le « syndrome bédouin » qui fut pendant de long siècles responsable de guerres fratricides. Cette problématique a été illustré pas mal de fois à l’occasion de manifestation culturelles ou sportives. Lors de la dernière CAN, on a constaté l’exacerbation des sentiments nationalistes.

On a eu des commentaires : «l’Afrique du nord est peuplée par des Berbères et non des Arabes», on n’est pas des Arabes, mais des Berbères, on ne ressemble pas aux Égyptiens ». Comment se fait-il que nous sommes au XXIème siècle et que les pays du globe, se développent dans une perspective globalisante, se dotent des moyens technologiques qui rapprochent les distances et discutent des plans socioculturels pour accompagner les grandes questions concernant la vie en commun sur terre. Alors que chez nous, on « patauge » dans de faux problèmes qui loin de nous unifier nous divisent davantage.

Ce débat ne s’arrêtera jamais, tant que les protagonistes ne se rendent pas à l’évidence de ce Maroc pluriel et de son unité dans la diversité. Je vois un faux problème, «artificiel» et qu’il faut absolument dépasser toute en le dépassionnant. Ce genre de débat mérite une place dans le cimetière le plus proche. A l’exemple du honteux Dahir berbère que le protectorat tenta d’utiliser pour nous diviser et que malheureusement certains parmi nous continuent à le perpétuer jusqu’à aujourd’hui au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes : l’éducation, la santé, la vie digne, la culture et le sport pour tous.

Articles similaires