Portrait du nouveau lion de l'Atlas

Allez señor Brahim

Clap de fin pour le feuilleton Brahim Diaz. Au Maroc, le choix du crack du Real Madrid de porter le maillot des Lions de l’Atlas est accueilli avec beaucoup de joie et d’espoir, tandis qu’en Espagne, on regrette une immense perte.


Il aura fallu la confirmation du plus célèbre -et probablement le plus fiable- journaliste sportif au monde actuellement pour que les Marocains y croient enfin. «Brahim Diaz a décidé de représenter le Maroc et d’accepter leur appel officiel ! Brahim n’a reçu aucune notification d’appel de l’Espagne et sa décision est finale: il va jouer pour le Maroc”, annonce, dans la nuit du 10 mars 2024 l’Italien Fabrizio Romano à ses dizaines de millions de followers sur ses réseaux sociaux. Quatre jours plus tard, l’apparition du nom du milieu offensif de 24 ans du Real Madrid dans la liste dévoilée par Walid Regragui pour disputer les deux prochains matchs amicaux contre l’Angola et la Mauritanie, prévus respectivement les 22 et le 26 mars à Agadir, n’était donc qu’une formalité.

Joie marocaine
Dans les rangs des supporters des Lions de l’Atlas, la joie est presque unanime. Tout d’abord, pour la symbolique. Le feuilleton Brahim Diaz qui dure depuis presque six années a soulevé encore une fois la question de l’attachement footballeurs binationaux d’origine marocaine au Royaume, et la capacité de celui-ci à rivaliser en termes d’attractivité face aux grandes sélections européennes. “Le Maroc ne doit plus jamais accepter d’être un deuxième choix par défaut quand un joueur n’a pas le niveau pour jouer pour une nation européenne”, insiste-t-on. Dans le cas du joueur madrilène, les choses ont été particulièrement complexes.

Né le 3 août 1999 à Malaga dans le sud de l’Espagne, d’une mère originaire de cette ville, et d’un père hisapno-marocain natif de l’enclave occupé de Melilia, Brahim Diaz possède, à l’instar de ses quatre petites soeurs, la nationalité marocaine par filiation paternelle, en plus de la nationalité espagnole. Toutefois, le talentueux milieu offensif n’aurait entamé la procédure pour obtenir le passeport marocain que quelques semaines avant sa convocation par Walid Regragui. Une procédure indispensable pour pouvoir changer sa nationalité sportive. Il faut rappeler que Brahim Diaz a défendu à plusieurs reprises les couleur des sélections espagnoles U17, U19 et Espoirs entre 2016 et 2021, et a même disputé, le 8 juin 2021, un match amical sous le maillot d’une équipe première remaniée et composés des Espoirs contre la Lituanie, lors duquel il inscrit un but (4-0).

En club, il quitte en 2013 le Malaga où il a été formé pour rejoindre l’académie de Manchester City contre 3 millions d’euros. Il dispute son premier match avec les Citizens et signe son premier contrat pro en septembre 2016, puis marque son premier but deux ans plus tard. Ses capacités techniques attirent l’attention du Real Madrid, qui débourse en janvier 2019 la somme de 17,3 millions d’euros pour le recruter pour un contrat de six ans et demi. Il est par la suite prêté à une autre grande écurie européenne, l’AC Milan, où il passe trois belles saisons avant de retrouver le Real à l’été 2023.

Entre-temps, Brahim Diaz décline les appels des sélectionneurs du Maroc, Hervé Renard et Vahid Halilhodzic et Walid Regragui, et affirme vouloir jouer pour la Roja. Mais en Espagne, les sélectionneurs l’ignorent malgré ses belles performances en club, le poussant à revoir ses convictions. Les premiers signes de changement apparaissent dès la deuxième moitié de l’année 2023, et les rumeurs le mettent même dans liste du Maroc pour la CAN en Côte d’Ivoire. “Brahim se sentait injustement marginalisé par les responsables espagnols et a compris que son avenir était avec les Lions”, nous explique une source marocaine proche du dossier.

Et d’ajouter “Mais avant de passer de notre côté, il voulait prouver sa valeur. Les Espagnols ont changé d’attitude et ont tout tenté de le convaincre ces derniers mois mais c’était trop tard, et il leur a tout simplement dit “non”.” Déception en Espagne Pour la presse sportive de l’autre côté du détroit de Gibraltar, le nouveau choix de Brahim Diaz est tombé comme un couperet. La polémique s’invite même dans le plateau d’El Chiringuito, l’une des émissions footballistiques les plus populaires au monde. Si certains tentent de minimiser cet échec, d’autres sont plus réalistes: laisser filer un grand espoir du ballon rond au profit du voisin du Sud, avec toute la symbolique historique -et même sportive, le Maroc ayant éliminé l’Espagne de la Coupe du monde 2022- qui entoure les relations entre les deux pays, est une véritable perte pour la Roja.

Habile balle au pied, excellent passeur et intelligent dans le jeu, Brahim Diaz arrivera en sauveur dans une sélection marocaine a fait preuve d’un cruel manque de créativité sur le plan offensif lors de la CAN en Côte d’Ivoire, ce qui lui a valu d’être prématurément éliminé dès les huitièmes de finale face à l’Afrique du Sud alors qu’elle était parmi les grands favoris. Il compte jusqu’à maintenant à son actif 50 buts et 36 passes décisives en 253 matchs, dont une grande partie en tant que remplaçant et tout en jouant derrière les attaquants, indique la plateforme spécialisée Transfermarkt. Mais le crack du Real peut évoluer dans différents postes: outre son rôle de prédilection de milieu offensif, il est capable de joueur ailier droit, ailier gauche, deuxième attaquant et même avant-centre principal.

Une polyvalence qui fera du bien aux Lions de l’Atlas alors que la Coupe d’Afrique 2025 au Maroc approche à grands pas. Encore faut-il que Walid Regragui fasse bon usage des capacités du joueur des Merengue. Lui qui est fortement depuis critiqué par ses détracteurs pour sa “faiblesse” dans l’animation offensive.

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