Quand l'alimentation pose problème en Afrique

Des millions de marocains comptent leurs dépenses dirham par dirham pour faire face à la hausse des prix des produits alimentaires.

En 2020, les agences de l’ONU estiment dans le dernier rapport SOFI que 9,8% de la population mondiale serait touchée par la sous-alimentation contre 8,4% en 2019. La pandémie, les guerres et le stress hydrique ont davantage aggravé la situation, notamment en Afrique.

En effet, les dépendances aux conditions météorologiques, mais aussi aux importations de denrées alimentaires de première nécessité, n’ont pas permis à de nombreux pays de développer une stratégie favorisant l’émergence d’une souveraineté nationale et continentale. Plus globalement, la sécurité alimentaire en Afrique demeure une priorité.

Certes, au Maroc, assurer l’approvisionnement alimentaire des populations demeure au coeur de la stratégie agricole marocaine du gouvernement marocain comme en témoigne Génération Green lancé pour les dix prochaines années. N’empêche que, face à une accélération brutale des prix alimentaires, les consommateurs se servent de tous les outils à leur disposition pour amortir le choc de l’inflation. Ils achètent moins sans pour autant être condamnés à la faim. Leur budget est de plus mis à rude épreuve.

Des millions de marocains comptent leurs dépenses dirham par dirham dès le début du mois. Ceux qui sont déjà à l’os vont se trouver dans des situations compliquées avec les nouvelles hausses de prix alimentaires, déjà enregistrées en janvier. Mois où l’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré un nouveau record : 8,9% comparativement à la même période de l’année dernière. Hausse tirée surtout par l’augmentation de l’indice des produits alimentaires : 16,8% contre 3,9% pour le non alimentaire. Cette envolée des prix est plus que préoccupante puisqu’elle n’en finit pas de grignoter toujours un peu plus le pouvoir d’achat des ménages.

Niveau de vie d’autant mis à mal qu’un ménage marocain sur deux connait une baisse de revenu à la sortie de l’épisode épidémique. Vu que le taux de chômage en 2022 est nettement plus élevé qu’en 2019 dans tout le pays, tant pour les femmes que pour les hommes, et vu que les emplois ayant un « statut d’informalité »- notamment dans le milieu rural- représentent une plus grande partie de ceux existants, de ceux qui se créent ainsi que de ceux qui se perdent , la baisse de revenu touche plus les travailleurs informels non -agricoles (52%) que les travailleurs formels (25%).

En effet, selon les conclusions d’une l’étude portant, notamment, sur le niveau de vie des ménages, réalisée au Maroc, affirment avoir vu leur situation par une équipe de recherche, relevant de l’Institut Polytechnique de Paris, du Lab de l’Emploi Maroc, du Jameel Poverty Action Lab (J-PAL) et de la Harvard Kennedy School, « depuis le début de la pandémie 42% des ménages affirment avoir vu leur situation financière se détériorer ». Une proportion qui ne dépassait pas 15% en 2019. S’ajoute, 26% des enquêtés qui déclarent que l’alimentation pose ou risque de poser un problème contre seulement 4% en 2019.

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