L'Algérie et l'affaire du Sahara : Les gouvernements passent, l’obsession demeure


Ahmed Attaf


A peine nommé le 18 mars à la place de Ramtane Lamamra en tant que ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf a été sommé de consacrer sa première sortie à une énième attaque contre l’intégrité territoriale du Maroc. Ce faisant, il continue une longue tradition d’une obsession algérienne.

Depuis que le Maroc a abandonné la politique de la chaise vide, ses adversaires essaient de suivre sans pour autant arriver à infléchir la tendance : celle d’une résolution du conflit dans le cadre de la souveraineté marocaine. Depuis le 5 avril 2017, date de nomination de Nasser Bourita à la tête de la diplomatie du royaume, le voisin algérien a changé 5 fois de ministre des Affaires étrangères, avec des allers-retours de celui qui était considéré par la presse algérienne comme “la bête noire” du Maroc. Le tout avec les résultats que l’on connaît. Quasi-gel de la présence de la “rasd” au sein de l’Union africaine, reconnaissance américaine de la souveraineté sur le Sahara, alignement de l’Espagne sur la plan d’autonomie et d’un règlement politique écartant l’option référendaire…

D’ailleurs, au niveau de l’ONU, le Conseil de sécurité a émis une résolution le 27 octobre 2022 demandant notamment à Alger de clarifier ses positions sur la question du Sahara. D’aucuns d’ailleurs s’agacent de l’attitude des militaires dans les réunions diplomatiques multilatérales, durant lesquelles ces derniers n’hésitent pas à citer le conflit même quand ce n’est ni l’objet ni dans l’ordre du jour. En réaction, l’agence officielle APS a publié une simple information sous le titre “Sahara occidental: le mandat de la Minurso prorogé d’une année”. Le 29 octobre, le ministère des Affaires étrangères a rendu public un communiqué très élaboré dans la lignée des dernières prises de position de ce pays.

En réalité, Alger attendait du Conseil de sécurité de condamner les frappes ciblées des Forces Armées Royales contre les éléments du polisario responsables d’incursions et d’attaques à l’intérieur de la Zone tampon. L’Algérie s’attendait, en même temps, à des modifications dans la résolution dans le sens de l’occultation de l’appel à la reprise des tables rondes et de l’insistance sur leur utilité pour la relance de la dynamique de recherche d’une solution politique.

Gesticulations inaudibles
L’Algérie comptait, enfin, sur certains pays pour injecter la dimension des droits de l’homme dans le mandat de la Minurso. Il n’en était rien. Et c’est pour cette raison que l’on assiste à des gesticulations inaudibles. Comme la dernière sortie d’Ahmed Attaf, nouveau ministre des Affaires étrangères. “Ce n’est qu’après la libération du peuple sahraoui du joug de l’occupant que l’Afrique pourra tourner la page du colonialisme odieux”. Le lundi 29 mai, il a consacré son discours de commémoration du 60e anniversaire de l’Organisation de l’union africaine (OUA), à la question du Sahara marocain.

Utilisant l’argument désuet de la “dernière colonie d’Afrique”, il a appelé l’UA à tenir un rôle dans la résolution du conflit. Cette volonté algérienne d’intégrer l’institution panafricaine dans le processus de règlement de la question du Sahara n’est pas anodine. L’absence prolongée du Maroc a permis aux adversaires du Royaume de faire adopter, par l’UA, des décisions à sens unique, en faveur des autres parties et en déphasage total avec l’évolution du processus de règlement onusien. Ce gel du référentiel africain a été opéré sous l’emprise d’une présidence algérienne du Conseil Paix et Sécurité (CPS) qui se prolonge, depuis la création de cet organe, en 2003. C’est dire le déficit accumulé durant 33 années d’absence...

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