L'Algérie grande perdante de son abandon du gazoduc Maghreb-Europe

ENERGIE

En voulant nuire au Maroc, l’Algérie s’est tiré une balle dans le pied. Le gazoduc Medgaz, qui remplacera le gazoduc Maghreb-Europe (GME), ne satisfera pas les besoins énergétiques de l’Espagne. De plus, le Maroc dispose de plusieurs options en cas de non-renouvellement du contrat d’acheminent du gaz via le GME.

L’une des premières conséquences de la rupture des relations diplomatiques de l’Algérie avec le Maroc est d’ordre économique et énergétique. Deux jours après l’annonce de cette rupture par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, l’Algérie a décidé, le 26 août 2021, d’abandonner le gazoduc Maghreb-Europe (GME) après plus de 25 ans de bons et loyaux services. Lors d’une rencontre avec Fernando Moran, ambassadeur de l’Espagne à Alger, le ministre algérien de l’Energie, Mohamed Arkab, lui a annoncé que désormais le gaz algérien sera acheminé au voisin ibérique via le gazoduc Medgaz au lieu du GME, qui passe par le Maroc.

Cette déclaration confirme ce que le Maroc redoutait depuis plusieurs mois. La presse algérienne avait, en effet, insinué que le renouvellement du contrat du GME était compromis à cause du Maroc, chose que le Royaume a démentie à plusieurs reprises.

Une décision hasardeuse
En voulant faire du mal au Maroc, l’Algérie s’est tiré une balle dans le pied. Il faut savoir que, pour ses besoins énergétiques et budgétaires, le Maroc ne dépend ni du gazoduc Maghreb-Europe, ni de ses redevances, qui ont baissé drastiquement ces dernières années à cause de la crise énergétique en Algérie. En 2019, ces redevances n’ont pas dépassé les 50 millions d’euros, soit moins de 1% des recettes douanières. En 2020, ces taxes ont été réduites de moitié.

Par ailleurs, ce qu’il faut savoir, c’est que le GME dispose d’une capacité annuelle de transport de 13,5 milliards de mètres cubes, alors que le gazoduc Medgaz propose une capacité de seulement 8 milliards de mètres cubes. L’Algérie a promis à son client européen une extension de cette capacité, mais qui nécessitera un investissement de 280 millions d’euros. D’une part, l’Algérie, en proie à une crise économique sans précédent, s’enfoncera donc davantage. De même, les tensions sociales risquent de s’aggraver.

D’autre part, l’Espagne ne va pas miser sur une solution algérienne qui n’a pas encore vu le jour. L’énergie est vitale pour tout Etat et l’Espagne ne va pas s’aventurer à se lancer dans un nouveau contrat dont les risques sont nombreux. D’ailleurs, à cause de toutes ces incertitudes, l’Espagne a déjà commencé à diversifier ses sources d’approvisionnement, notamment du côté américain.

Sur le registre marocain, il faut savoir que si l’Algérie décide d’interrompre unilatéralement le contrat du GME, les infrastructures installées sur le côté marocain seront la propriété exclusive de l’Etat marocain, soit plus de 500 km de canalisations situées d’ailleurs près des gisements de Tendrara dans l’Oriental. Le Maroc pourrait même aller plus loin en investissant dans d’autres canalisations et fournir lui-même l’Espagne et aussi le Portugal à partir des gisements de Tendrara, exploités par la compagnie d’exploration pétrolière et gazière Sound Energy.

Ceci en attendant bien sûr la mise en place de l’énorme gazoduc qui reliera le Nigéria à l’Europe en passant par 11 pays. Une initiative marocaine visionnaire qui permettra au Maroc d’être l’un des principaux fournisseurs énergétiques de l’Europe, damant ainsi le pion à l’Algérie. Le Maroc est fort de par sa clairvoyance et ce n’est pas une décision hasardeuse d’un régime militaire aux abois, une décision qui a été prise aux dépens du bien-être de nos frères algériens, qui freinera la marche sûre et sereine du Royaume du Maroc vers le développement et la prospérité.

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