L’Algérie, ou le culte victimaire

Ils remettent un couplet anti-français dans leur hymne national

«Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi ! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra. Car nous avons décidé que l’Algérie vivra. Soyez-en témoin !». Voici le joyeux couplet qui fait son retour. L’Algérie devient ainsi le seul pays au monde à en citer un autre dans son hymne national. Ce décret démontre qu’indirectement, Abdelmajid Tebboune considère que l’acte de naissance de son pays remonte à 1962, et qu’un lien de filiation naturelle existe entre Paris et Alger, et que, malgré l’indépendance, le cordon ombilical n’a toujours pas été coupé. Surtout, il atteste d’un véritable culte victimaire se développe chez la junte, qui ne veut en aucun assumer la responsabilité de l’état désastreux dans lequel se trouve son pays.

Près de 61 ans après l’indépendance accordée par De Gaulle à l’ancien département français suite à un référendum, la classe politique gérontocratique algérienne ne cesse de ressasser le mythe d’une victoire “héroïque” du Front de libération nationale (FLN). Rappelons que, sauf quelques opérations de guérilla urbaine, aucune victoire militaire n’est à noter durant la guerre d’Algérie entre 1954 et 1962. De par l’aveu des dirigeants français, il s’agit surtout d’une défaite politique de la France.

Alors qu’une grande partie des pays africains étaient déjà indépendants, et que les Etats-Unis et l’URSS ont fait pression sur De Gaulle, la France devait se défaire de l’une de ses dernières colonies africaines tout en la conservant dans son giron avec les accords d’Evian, permettant à l’hexagone de continuer à exploiter les ressources fossiles algériennes, de procéder à des essais nucléaires et de continuer ses manoeuvres militaires dans la frontière malienne. Les documents déclassifiés de la DGSE attestent que ce n’est qu’en 1978 que le dernier soldat français a quitté l’Algérie.

Cette posture victimaire, en contradiction totale avec le mythe viriliste dont se targuait Boumediène, n’est pas seulement là pour maintenir la population dans un état de léthargie continue, la laissant en proie à un régime jacobin. Elle est également une rente mémorielle auprès de la France. Étant au fait de l’autoflagellation éternelle de la gauche française sur le passé colonial. Seulement, aucun historien sérieux ne tient compte de ces mythes fondateurs, qui ont d’ailleurs été bâti sur des mensonges.

Rappelons l’épisode d’Abane Ramdane déclaré mort «au champ d’honneur» en première page d’El Moudjahid en 1958, alors qu’il avait été assassiné au Maroc par ses opposants au sein du FLN fin 1957. Victimisation, tromperies, chantage mémoriel. Jusqu’où ira le régime algérien pour cacher des tares qui deviennent de plus en plus évidentes ?

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