Alger-Téhéran, nouvel axe du mal?

DIPLOMATIE

Bien que les concernés le démentent, le régime algérien semble bel et bien en train de basculer dans le giron de la République islamique.

Le 16 août 2021, le ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, s’était offusqué de ce que trois jours plus tôt, son homologue israélien Yaïr Lapid ait, depuis le Maroc, fait part de son “inquiétude” quant au rapprochement en cours entre l’Algérie et l’Iran. “Cette sortie intempestive, dont le véritable instigateur n’est autre que Nasser Bourita en sa qualité de ministre des affaires étrangères du Royaume du Maroc, traduit une sourde volonté d’entraîner son nouvel allié moyen-oriental dans une aventure hasardeuse dirigée contre l’Algérie, ses valeurs et ses positions de principe,” avait alors dénoncé, dans un communiqué, M. Lamamra.

Difficile toutefois de ne pas donner raison à M. Lapid quand on voit la réaction de la diplomatie iranienne à la rupture le 24 août 2021 par la voisine de l’Est de ses relations avec le Royaume: contrairement aux pays de la région qui cherchent à faire en sorte qu’Algériens et Marocains recollent les morceaux -on parle notamment d’une médiation, pour ce faire, de l’Arabie saoudite et de l’Egypte-, le régime de la République islamique s’en frotte plutôt les mains.

Mouvement séparatiste
Son ambassadeur à Alger, Hossein Mashalchi Zadeh, a ainsi donné raison, dans une interview publiée le 26 août 2021 par le média électronique algérien El Ikhbaria, à la décision de l’Algérie, en n’hésitant pas à reprendre à son compte l’argumentaire de M. Lamamra eu égard à de soi-disant “menaces sécuritaires et atteinte à [l’] unité et [la] souveraineté” algériennes.

“Les récentes prises de position et mesures algériennes de soutien aux Palestiniens ont redonné espoir aux âmes des opprimés sur cette terre”, a-t-il même poursuivi, en laissant entendre que le rétablissement, le 22 décembre 2020, par le Maroc de ses relations avec Israël avait équivalu à un lâchage de la cause palestinienne. Ce qui n’est évidemment pas plus faux, et dans ce sens il suffit simplement de se référer au rejet par le Maroc des tentatives de délogement, en mai 2021, de familles palestiniennes de la ville d’Al-Qods par les forces d’occupation israéliennes, mais pour en rester au propos de M. Mashalchi, il y a lieu de noter qu’il n’est pas isolé dans le temps: il a été suivi, trois jours plus tard, par la tenue d’entretiens téléphoniques entre M. Lamamra et le tout nouveau ministre des Affaires étrangères iranien, Hossein Amir-Abdollahian, en même temps que le 5 août 2021, le Premier ministre algérien, Aïmene Benabderrahmane, avait eu droit à une audience personnelle du fraîchement élu président de l’Iran, Ebrahim Raïssi, qu’il s’était déplacé pour féliciter au nom du président Abdelmadjid Tebboune.

De quoi aussi donner a posteriori raison au Maroc, qui depuis le 1er mai 2018 n’a plus de relations avec Téhéran après que celle-ci se montra incapable de nier sa connexion, par le truchement de l’organisation chiite libanaise du Hezbollah, avec le mouvement séparatiste du Front Polisario. Isolée en Algérie même où un mouvement populaire tente depuis plus de deux ans de la renverser, la junte militaire algérienne risque bien, en poursuivant sur le même chemin, de mettre son pays au ban de la communauté internationale...

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