Alger menace Madrid de cesser l’approvisionnement en gaz naturel

La tension est à son paroxysme entre l’Algérie et l’Espagne. L’establishment algérien n’arrive toujours pas à digérer la nouvelle position du gouvernement de Pedro Sanchez relative au Sahara marocain. Ainsi, après avoir proféré des menaces indirectes de rehausser les prix du gaz exporté vers le voisin ibérique, Alger menace directement cette fois le gouvernement socialiste d’arrêter les approvisionnements en gaz naturel. Ainsi, le ministère algérien de l’énergie a menacé, mercredi 27 avril 2022, de rompre le contrat de fourniture de gaz à l’Espagne si cette dernière venait à l’acheminer «vers une destination tierce», faisant allusion au Maroc.

Le département de Mohamed Akrab réagit, ainsi, à la nouvelle que lui a adressée «par courrier électronique» son homologue espagnole, Teresa Ribera, annonçant la décision de son pays  d'autoriser le fonctionnement, en flux inverse, du Gazoduc Maghreb Europe (GME). Selon la ministre espagnole, cette opération interviendra vendredi ou samedi.

C’est ce qui n’a pas manqué de faire réagir l’Algérie de manière démesurée. «Tout acheminement de gaz naturel algérien livré à l'Espagne, dont la destination n'est autre que celle prévue dans les contrats, sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels, et, par conséquent, pourrait aboutir à la rupture du contrat liant la Sonatrach à ses clients espagnols», menace le ministre algérien.

Le ministre Akrab avait déjà mis en garde son homologue espagnole, en mars 2022, contre le fait de transférer une «seule molécule» du gaz algérien vers le Maroc, révélait alors El Mundo.

C'est la première fois que le pouvoir algérien menace de manière officielle son voisin ibérique de ne plus lui vendre de gaz, dans un communiqué.

Mais il y a un autre élément qui suscite l’ire des Algériens. Depuis l’arrêt du gazoduc Maghreb-Europe, décidée le 31 octobre 2022 par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, les Américains ont supplanté l’Algérie et sont devenus le premier exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Espagne. Au premier trimestre de cette année, les importations de GNL en provenance des Etats-Unis ont été multipliées par presque six (+459,9%) par rapport à la même période en 2021, passant de 7.472 GWh au premier trimestre de 2021 à 41.839 GWh pour la même période en 2022. En revanche, les achats de gaz algérien, historiquement premier fournisseur de l'Espagne, au cours des trois premiers mois de 2022 ont été réduits de 32,9%, pour couvrir seulement 26,1% de la consommation du voisin ibérique.

L’Algérie s’est tiré une balle dans le pied. En cherchant à mettre à genoux le Royaume, elle s’est retrouvée victime de sa propre décision irréfléchie.

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