Si, depuis la guerre des sables, les contentieux territoriaux entre le Maroc et l’Algérie ont toujours connu une issue politique, les provocations algériennes, et les remises en cause permanentes des accords signés, comme ceux sur l’exploitation de la mine de Gara Jebilet, risquent de faire monter les tensions…
Il fût un temps où malgré les inimitiés, les contentieux politiques et territoriaux, le respect de la parole donnée était sacré. 5 ans après la guerre des sables, se rendant compte de l’impossibilité de contrôler son propre territoire, mais également d’exploiter efficacement ses ressources naturelles, Houari Boumediène calme son bellicisme. Le 15 juin 1972, il signe un accord avec feu Hassan II selon lequel «la qualité des relations de fraternité qui existent entre l’Algérie et le Maroc ne saurait ériger la frontière en obstacle, mais en faire au contraire un lieu d’interpénétration des sentiments et des intérêts”. Seulement, un accord de partenariat a été signé, le 24 juin dernier entre l’Entreprise Nationale de Fer et d’Acier (FERAAL), et le consortium chinois (CMH), portant exploitation des minerais de fer de la mine de Gara Jebilet-Ouest et la “valorisation de sa production à travers la construction d’une usine de production de plaques d’acier à Bechar”. Ce faisant, Alger rompt définitivement l’accord de 1972.
Cette démarche est en réalité la formalisation d’une politique de provocations algériennes depuis 2021. Lors du mois de mars de cette année, les autorités de la junte délogent, manu-militari, des agriculteurs marocains dans la régions d’El-Arja, frontalière de Figuig, ce qui n’a pas enclenché de réactions officielles du royaume. En janvier 2023, trois Marocains se font assassiner par l’armée algérienne à Maadar El Kabch, par l’armée algérienne. Celle-ci aurait prétexté qu’il s’agissait de “contrebandiers”, tandis que moults témoignages de locaux affirment qu’il était de questions de jeunes locaux qui se déplaçaient dans la région, au gré des événements familiaux, et qu’il n’y avait aucune histoire de transport de marchandise.
En droit, il y a un concept connu : «Pacta sunt servanda». Ce qui veut dire que le respect de la parole donnée donne force obligatoire aux conventions. Sauf que face à un Etat de non-droit, le Maroc se retrouve au pied du mur. Celà veut simplement dire que tout ce qui engage le Maroc en termes d’acceptation de ses confins frontaliers avec l’Algérie est désormais caduc. Le Maroc n’est plus tenu par aucun engagement juridique ou politique vis-à -vis de l’Algérie, ce qui ouvre la voie à un affrontement direct entre les deux pays. Avec cette provocation supplémentaire, les dirigeants de la junte militaire jouent avec le feu. En somme, l’on passe du paradigme frontalier post-colonial à un autre anté- colonial.
Le traité de Lalla Maghnia étant déjà nul et non-avenu de par la levée du protectorat français en 1956, le Royaume est désormais en droit de ne plus accepter cette fragmentation artificielle de son territoire. L’agression coloniale l’a fait d’un État dont la mouvance politique s’étendait de la Méditerranée à la boucle du Niger et de l’Atlantique aux reliefs du Hoggar, il a été réduit à un État privé de son continuum saharien, enserré dans l’ angle aigu nord occidental du continent africain. Les correspondances des responsables consulaires anglais au Maroc avec leur gouvernement entre 1882 et 1903 indiquent les manoeuvres françaises pour repousser le Maroc vers l’Ouest.
Ces manoeuvres de la junte au pouvoir en Algérie, les remises en questions permanentes des accords de principes signés de bonne foi avec les monarques du Maroc, vont sans doute se retourner contre elles car ces mêmes conventions étaient les seuls boucliers qu’elle avait contre un retour du Maroc à ses frontières ancestrale. Et celà remet en cause la stabilité de la région...