Le moins que l’on puisse dire, c’est que la tendance haussière des taux d’intérêts appliqués aux crédits bancaires intervient alors que la situation économique ne s’est pas améliorée. Cette tendance pourrait alourdir davantage les charges financières des entreprises, déjà asphyxiées par la crise sanitaire.
A une situation économique exceptionnelle, une offre bancaire exceptionnelle. Si les banques ont sans aucun doute joué un rôle fondamental dans le financement de l’économie au moment où celle-ci traversait ses pires moments de crise en pleine pandémie du Covid-19, elles l’ont fait essentiellement grâce au concours de la garantie de l’Etat à travers la Caisse centrale de garantie.
Damane Relance et Damane Oxygène sont ainsi nés pour devenir les deux produits phares lancés par les banques pour soutenir les entreprises en difficultés. En toile de fond de cette grosse opération de crédits bancaires destinés à alléger les souffrances financières des entreprises, on retrouve des taux d’intérêts adaptés à une situation économique asphyxiée.
Mais, au fil du temps et au fur et à mesure de l’évolution de la crise, cette tendance à la baisse des taux d’intérêts semble changer de trajectoire avec le début de l’année 2021. C’est ce qu’on apprend en filigrane d’une récente enquête réalisée par Bank Al Maghreb et rendue publique fin avril 2021. Cette enquête met les projecteurs sur le niveau des taux appliqués par les banques sur les crédits bancaires accordés aussi bien aux entreprises qu’aux particuliers.
La conclusion est pour le moins surprenante: les taux d’intérêt ont globalement augmenté durant le premier trimestre de l’année 2021. Une augmentation, qui visiblement, tranche avec la baisse du taux directeur par Bank Al Maghreb. Ce dernier est actuellement à 1,5%, un niveau record jamais atteint auparavant. Alors que le taux moyen était à 4,34% au dernier trimestre 2020, considéré comme son plus bas niveau, il est remonté à 4,45% au premier trimestre 2021.
Une surprenante conclusion
Selon l’enquête de Bank Al Maghreb, cette tendance haussière des taux d’intérêt concerne plusieurs catégories de crédits. Il y a d’abord les crédits débiteurs et les crédits de trésorerie dont les taux moyens sont passés de 3,99% fin 2020 à 4,10% fin mars 2021. Même tendance enregistrée pour les crédits à l’équipement dont les taux moyens sont passés de 4,21 à 4,28%.
Les crédits aux particuliers ne sont pas en reste, avec des taux appliqués qui passent de 4,96% à 5,19%. Mais ce sont les crédits accordés aux petites et moyennes entreprises qui se sont vu appliquer des taux en forte hausse. Ils sont ainsi passés, en trois mois, de 4,46 à 4,89% pour s’approcher du niveau des 5%. Seules les grandes entreprises sont épargnées par cette tendance haussière des taux. Au contraire, Bank Al Maghreb a relevé une baisse significative des taux en leur faveur. Au lieu de 4,46% appliqués pendant le confinement, les banques leur offrent désormais 3,89%. Un niveau bas par rapport au reste de l’économie.
Mais une chose est certaine: le wali de Bank Al Maghreb, Abdellatif Jouahri, avait évoqué la situation de certaines banques qui ne répercutent pas la baisse du taux directeur sur les taux débiteurs, ajoutant qu’un contrôle régulier est effectué auprès des institutions de crédit pour les ramener à la raison ou carrément les pénaliser en cas de non-respect flagrant de la politique monétaire voulue par la banque centrale.