Aït Taleb: "vous parlez de quel lit et de quel respirateur?"

Après les faux espoirs de Moulay Hafid Elalamy

En ces temps de crise, on aurait aimé utiliser des respirateurs et des lits de réanimation marocains mais “Allah Ghaleb”, ils ne sont pas encore testés, certifiés et homologués.

“Vous parlez de quel lit de réanimation? Ni le lit de réanimation ni le respirateur marocains ne sont encore homologués à ce jour. Il faudrait qu’on éclaircisse la situation”. C’était la réponse du ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, à Médias24, dans le cadre d’une interview réalisée le 17 octobre 2020 et publiée le 21 octobre, passant en revue plusieurs questions de l’actualité épidémiologique et sanitaire du pays dont les fameux lits de réanimation et respirateurs 100% marocains dont le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, a longuement vanté, fin août 2020, la qualité de production et la conformité aux normes internationales en particulier IEC 60601-2-52 relatives à la sécurité des patients.

Pour rappel, le ministre Elalamy, qui se prêtait allègrement au jeu des photos des journalistes invités à assister à ce qu’il considérait à l’époque comme une prouesse nationale, avait déclaré non sans fierté que ce lit «de réanimation» intégralement marocain représentait une alternative viable et accessible aux lits importés.

Procédures d’homologation
Aujourd’hui, et après avoir fait une deuxième sortie pour accuser indirectement le ministère de la Santé de retarder l’homologation de ces deux produits (le lit et le respirateur), Khalid Aït Taleb lui répond en affirmant qu’il ne peut assumer la responsabilité d’utilisation de produits non homologués et non testés qui menaceraient la sécurité et la santé des patients marocains.

«Au vu de ce qui s’est passé en matière de commerce international pendant la crise, tous les dispositifs médicaux, y compris le lit de réanimation, sont devenus une denrée très rare. Il y avait une surenchère sur les prix. C’est devenu difficile sur le plan économique pour le Maroc de l’acquérir à des prix exorbitants. Il y a eu quand même une volonté de trouver des solutions locales comme ce qu’on a fait pour les masques éventuellement et comme ce qu’on a fait pour les tests PCR des laboratoires. La question se posait pour le lit de réanimation dont le prix peut basculer de 25.000 à 150.000 dirhams en fonction des options.

Il y avait un travail qui a été fait dans ce sens pour sortir le lit et le respirateur. Ce qu’il faut mettre en tête, c’est qu’il ne suffit pas de sortir un lit et un respirateur. «Mziane», mais leur utilisation requiert un certain degré de responsabilité important parce qu’il y va de la sécurité du patient. Il faut passer par les différentes étapes et procédures d’homologation de certification d’essais jusqu’à ce qu’il y ait validation. Une fois validé, il pourra être d’usage courant. A ce moment-là, le ministère peut assumer cette responsabilité. C’est le cas aussi pour le respirateur. Et puis, un respirateur, ce n’est pas du n’importe quoi», a expliqué, dans un ton exclamatif, le ministre de la Santé.

Le message est clair. Moulay Hafid El Alamy a usé d’effets d’annonce pour baliser le terrain à sa campagne de limitation des importations et de production made in Morocco. Il n’a pas menti mais il était surexcité et emballé par les prototypes produits en un temps record sans s’assurer au préalable de leur conformité aux normes en vigueur.

Le Maroc dispose aujourd’hui de 2.013 lits de réanimation en tout. Leur taux d’occupation moyen ne dépasse guère 26%. A Casablanca, ce taux se situe entre 60 et 65%. On aurait aimé utiliser des respirateurs et des lits de réanimation marocains mais «Allah Ghaleb», ils ne sont pas encore testés, certifiés et homologués. Il est clair maintenant que le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, est allé plus vite que la musique.

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