M. Aït Taleb, libérez nos compatriotes bloqués à l'étranger !

29.000 marocains attendent la décision de leur retour au Maroc

Pendant plusieurs semaines, le ministère des Affaires étrangères a été accusé de retarder le rapatriement des Marocains bloqués à l’étranger. Or, une chose est sûre: leur sort est entre les mains du ministre de la Santé.

Pardon, M. Bourita, vous avez été mal compris, voire maltraité à cause de ce dossier des Marocains bloqués dans plusieurs pays à l’étranger, depuis la décision des fermetures des frontières en réaction à la propagation du nouveau coronavirus. L’erreur est humaine, admettre la sienne est un mérite rare. Le seul homme à ne jamais faire d’erreurs est celui qui ne fait rien, disait Theodore Roosevelt. Mais que dire de celui qui n’assume pas ses erreurs et ne reconnait ses fautes, voire s’amuse même à voir les autres payer pour lui sans brancher, sans bouger le doigt?

Depuis le début de cette situation administrative et juridique devenue rapidement une situation dramatique inhumaine, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, oppose un blocage au rapatriement des 29.000 Marocains bloqués dans différents pays des quatre continents pour différents motifs (visites familiales, activités scientifiques, tourisme…) au moment où le gouvernement a décrété l’état d’urgence et décidé de la fermeture des frontières aériennes et portuaires.

Depuis deux mois que cela dure, M. Aït Taleb s’est placé en un observateur désintéressé comme si la question ne le concernait pas en premier lieu. Comme si ce tourment et les échos des gémissements qui ont fait la Une des journaux et JT télévisés à l’étranger n’ont pas eu d’effet sur lui, ne serait-ce que pour se manifester et expliquer le pourquoi du comment. M. Aït Taleb, vous auriez dû avancer l’alibi de la sécurité sanitaire ou de l’incapacité à accueillir et soumettre aux tests de dépistage des milliers de Marocains qui ne rêvent que de retourner parmi les leurs.

Un silence inadmissible
L’indifférence face aux demandes d’explications et d’interviews des journalistes et les failles de communication du ministre de la Santé n’ont échappé à personne, depuis le début de la pandémie. Mais tout cela est une chose, et cette indifférence et manque de tact au moment où son “collègue” au sein du gouvernement recevait coup après coup du fait du retard du rapatriement des Marocains bloqués à l’étranger, en est une autre. C’est inadmissible. Et celui qui devait rectifier le tir, en l’occurrence M. El Othmani, le Chef du gouvernement, a préféré, lui aussi, ne rien dire. Il vaut mieux ne pas ouvrir une porte qui donne sur un aller simple pour l’enfer.

Et pendant ce temps, en toute bravoure, M. Bourita et ses équipes dans les représentations diplomatiques et les missions consulaires étaient mobilisés et travaillaient d’arrache-pied pour apporter toute l’assistance aux Marocains coincés sous différents cieux. Depuis le début, un dispositif robuste a été mis en place. Un registre complet et une base de données complète est disponible à ce jour, renfermant les identités et les renseignements précis sur près de 29.000 Marocains. Tout a commencé par leur enregistrement, leur garantir les conditions de séjour qui préservent leur dignité. A titre d’exemple, en Espagne, n’eût été l’intervention de l’ambassadrice du Maroc, Karima Benyaich, il n’y aurait pas eu d’hôtels pour héberger des centaines de Marocaines et Marocains.

D’ailleurs, grâce à son intervention, une liste d’hôtels autorisés exceptionnellement à ouvrir leurs portes aux Marocains a été publiée dans le Bulletin officiel espagnol. Outre ces Marocains d’Espagne, ils sont au total 6.000 à être intégralement pris en charge (hébergement, nourriture, soins médicaux…) dans des hôtels en France, en Belgique, en Allemagne, en Algérie, en Tunisie, aux Emirats Arabes Unis, au Brésil, au Qatar… La liste est longue.

Mieux, les frais totaux de 4 opérations chirurgicales au Botswana et en Corée du Sud et en Mauritanie, 2 accouchements à Paris, plusieurs séances de chimiothérapie et de radiothérapie dans différentes villes en France, en Turquie, et en Allemagne, de la distribution d’outils et de matériels médicaux destinés aux maladies chroniques, de l’accompagnement psychologique de milliers de Marocains, ont été réglés par les représentations diplomatiques et consulaires. Mieux encore, les appels de détresse sur les réseaux sociaux ont eu un écho favorable. A l’image d’une Marocaine de Barcelone mise à la porte par sa soeur et qui s’est retrouvée sans ressources ni abri et qui a été prise en charge.

Que la mobilisation continue
Et même concernant les ressortissants étrangers rapatriés dans leurs pays, le Maroc n’a fait que respecter les décisions souveraines de ces pays et leur a même, dans un geste de coopération qui lui est reconnu, facilité la tâche.

Pourquoi citer une partie des efforts consentis par le ministère des Affaires étrangères? Pour dire que ce qui devait être fait est fait. Que la mobilisation continue pour venir à la rescousse à d’autres qui appellent toujours à l’aide. Mais pour dire que le dispositif de rapatriement est fin prêt, depuis déjà quelque temps: réquisition des avions, autorisations, points (pays) de transit aéroportuaires, points de rassemblements pour les personnes motorisées… Tout est clos.

Cette opération dite technique est la tâche la plus aisée. En une semaine, tous les Marocains bloqués à l’extérieur peuvent regagner leur pays. La question légitime qui se pose d’elle-même: qu’est-ce qui bloque alors? Demandez la réponse à M. Aït Taleb. A celui qui détient seul le pouvoir de décider du retour de nos compatriotes.

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