Air Algérie trinque à la suite de la promotion de Tlemcen

Une bêtise de haut vol

La compagnie aérienne algérienne faisait la promotion de la destination Tlemcen en évoquant son cachet marocain. L’affaire tourne vite au vinaigre. Le président Tebboune en fait une affaire d’Etat.

En Algérie, on tolère les affaires de corruption, de malversations et de trafic de drogues sauf lorsqu’il s’agit du Maroc, on en fait un point d’honneur. Ces dernières semaines, un scandale en cache un autre chez Air Algérie! L’arrestation de trois agents du fret affectés à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle pour trafic de médicaments et de psychotropes acheminés vers l’Algérie à bord d’Air Algérie et l’implication d’employés dans une affaire de trafic de devises et de lingots n’ont point suscité la colère de l’autorité suprême du pays.

Mais un autre scandale lié de loin au Maroc réussit à éveiller la conscience dormante de l’establishment algérien. Mardi 19 avril 2022, Air Algérie met fin aux fonctions de sa directrice du marketing, Nahla BenBelkacem. Elle aurait commis une ‘’faute grave’’. Il y a quelques jours, la compagnie aérienne nationale faisait la promotion de la destination Tlemcen, rappelant qu’il y avait deux vols par semaine à partir d’Alger, durant le mois de Ramadan.

On rappelle alors le cachet architectural marocain et espagnol. «Fière de son passé riche et diversifié, avec ses monuments historiques marocains et espagnols, et sa touche andalouse, Tlemcen, la ville de l’art et de l’histoire, est surnommée la perle du Maghreb». C’est sur cette description, publiée sur les réseaux sociaux le 15 avril, que s’est focalisée la promotion d’Air Algérie. Une vérité qui saute aux yeux puisque même les vestiges de la ville en témoignent. Bref, la publication a été maintenue pendant presque toute la journée, avant d’être retirée, après des réactions sulfurantes d’internautes algériens sur les réseaux sociaux.

La compagnie aérienne a dû revoir, quelques minutes plus tard, la publication, en la dépouillant de toute référence à l’Espagne et, surtout, au Maroc. On croyait que le ‘’mal’’ était réparé. L’affaire tourne vite au vinaigre. Elle devient une affaire d’État, de sécurité nationale même. Le président Abdelmajid Tebboune intervient en personne et ordonne que des têtes tombent. Non, ce n’est ni le ministre des Transports, Abdallah Moundji, ni le PDG d’Air Algérie, Amine Debaghine Mesraoua, qu’on allait sacrifier. Mais plutôt la directrice marketing.

Une vérité qui saute aux yeux
Ce n’est pas suffisant. On s’empresse pour mettre fin au contrat de l’entreprise qui s’occupe de la gestion des réseaux sociaux de la compagnie. Surprise, il s’agit de GanFood, filiale de la multinationale de la communication et de la publicité Havas. Celle-ci est implantée, aussi, entre autres pays, au Maroc. Le génie algérien a déduit que puisque Havas a un pied au Maroc, c’est que cette fausse-vraie promotion serait une manigance orchestrée par le ‘’Maghzen’’ contre l’Algérie.

“Le minaret est tombé, il faut pendre le coiffeur du coin’’, dit l’adage. Mais c’est un affront pour le PDG d’Air Algérie et le ministre des Transports que d’avancer cela. Le top management d’une entreprise est censé être au courant des campagnes et des plans de communication programmées. Et puis, comment Air Algérie externalise la gestion de ses réseaux sociaux, alors qu’elle dispose d’une direction marketing? Il semble que la leçon n’a pas été bien retenue! L’été dernier, l’ancien ministre des Transports et l’ex-PDG de la même compagnie aérienne avaient été renvoyés voire condamnés à des peines d’emprisonnement pour avoir importé des ustensiles de Tunisie alors qu’ils sont fabriqués dans le pays! Le pire, c’est que Havas appartient à Vincent Bolloré, une vieille ‘’connaissance’’ des locataires du palais d’El Mouradia. Le même Bolloré qui s’est associé avec Eric Zemmour durant la campagne présidentielle française pour s’attaquer à l’Algérie!

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