Quel regard portez-vous sur le bilan gouvernemental de reconstruction, un an après le séisme qui a frappé la région d’Al Haouz?
Vous savez, bien avant la survenue du tremblement de terre qui a secoué la région d’Al Haouz, cette localité était une zone sinistrée. C’est l’une des plus pauvres régions du Maroc. Le séisme n’a évidemment fait qu’empirer la situation. Nous n’avons malheureusement pas d’expérience d’intervention dans cette région. Nous n’étions pas équipés pour agir de façon rapide, avec des scénarios bien définis.
D’autant plus que nous n’avons pas suffisamment bénéficié de l’expertise internationale, notamment de nos amis, pour des raisons politiques. Les routes ont également été un obstacle majeur, alors que l’accès aux habitations est très difficile. Aujourd’hui, à l’heure du bilan, après un an du séisme d’Al Haouz, les choses sont très contrastés. Certes, des efforts ont été réalisés, mais le compte n’y est pas.
Heureusement, les sinistrés ont bénéficié de l’expertise de la société civile, qui a contrecarré les lenteurs étatiques. L’Etat s’est attelé aux grand travaux, cependant, les choses évoluent trop lentement. Des milliers de maisons ont été détruites. Il y a une carence énorme dans les ressources humaines, que l’on perçoit lors de nos déplacements sur le terrain. J’avoue qu’il y a encore de très grands défis pour venir aux besoins de tous. D’ailleurs, jusqu’à aujourd’hui, les villageois manifestent pour dire leur mécontentement.
Sur le terrain, quels sont aujourd’hui les besoins les plus pressants?
Beaucoup de gens sont dans une grande précarité. Leur insatisfaction reste importante. Le fait que les autorités disent que les choses vont bien est une imposture. Franchement, ce n’est pas sérieux. A entendre les responsable politiques, tout va bien ! Mais cela devient ridicule. Il y a de bonnes avancées au niveau des routes, mais les moyens manquent. Il faut faire plus. La nourriture, les infrastructures sanitaires, les écoles, les habitations sont essentiellement de fortune. La lenteur administrative est un poison. Les moyens sont parfois versés mais leur exécution reste particulièrement lacunaire.
Le plus dur reste à venir, à savoir l’accompagnement dans la durée des populations sinistrées?
Tout à fait. Accompagner les familles dans la durée, scolariser leurs enfants, éviter l’exode rural et leur offrir des perspectives en développant, à titre d’exemple, le tourisme local, reste le grand défi. Dans le dispensaire local, le médecin se déplace une fois par semaine et les médicaments manquent. La réalité n’a rien à voir avec ce qui est présenté par les autorités. Le suivi psychologique et l’accès aux soins doivent être renforcés, tout en formant le personnel qui accompagne les familles victimes du tremblement de terre, lequel opère en effectif réduit, du fait de l’enclavement de la région et de la difficulté d’accès aux zones sinistrés.
Etes-vous satisfait des projets que le CDRT a portés au profit des victimes?
En tant que président fondateur du CDRT, une association reconnue d’utilité publique, nous avons déployé tous les moyens dont nous disposons, en installant des mobile homes dotés de cuisines ainsi que des latrines dans le village bouuazgarine dans le Haouz et à travers l’accompagnement et la formation. Nous sommes mobilisés et faisons de notre mieux pour soutenir les victimes du séisme d’Al Haouz.