Tragédie d'Al-Haouz : A Agadir et à Al Hoceima, comment l'Etat avait reconstruit après les séismes de 1960 et de 2004 ?


Ce n'est pas la première fois que dans son histoire moderne le Maroc se voit touché par un séisme d'ampleur. Le 29 février 1960 à Agadir et le 24 février 2004 à Al-Hoceima, la terre avait également fait tremblé et fait des milliers de morts. Plusieurs décennies plus tard, on continue encore d'en parler.

En se rendant aujourd'hui à Agadir et à Al-Hoceima, il est clair que les deux villes ont été reconstruites de fond en comble. Des quartiers entiers ont même été sortis de terre et des plans d'aménagements fort avant-gardistes ont été mis en oeuvre. Mais comment l'Etat y est-il arrivé ? Et que nous dit cela sur l'effort qui devra être consenti dès les prochains jours pour que la province d'Al-Haouz ainsi que de nombreuses zones du Royaume qui ont été sinistrées puissent relever la tête ?

Haut-Commissariat.

Dans le cas d'Agadir, le gouvernement, que dirigeait alors personnellement le roi Mohammed V, avait institué un fond spécial pour la reconstruction. Il avait été financé par un impôt de solidarité nationale institué dans le cadre de la loi des finances de l'année 1961.

En même temps, les pouvoirs publics avaient mis en place ce qui avait été appelé le Haut-Commissariat à la reconstruction d'Agadir. C'est cette institution qui allait, concrètement, assurer la reconstruction. 

Une des décisions phares du Haut-Commissariat à la reconstruction d'Agadir avait été de déplacer entièrement le centre-ville vers des zones plus méridionales. En effet, les études menées alors avait permis de déterminer que l'ancien emplacement était trop dangereux. Et c'est tout un plan directeur de la nouvelle ville qui avait été conçu. Ses dimensions avaient été à la fois administrative, commerciale et touristique, et l'objectif final était qu'Agadir garde son lustre de plus grande ville et capitale officieuse de la région du Souss et continue de servir à toute la région de "hub", un mot qui n'était pas encore populaire dans le jargon des décideurs.

Enfin, des normes qu'on appelle les "normes Agadir 1960", avaient été adoptées par le gouvernement Mohammed V, dans le cadre d'un décret spécial. Ce qui en avait découlé, c'est d'une part l'obligation pour les architectes et les bureaux d'étude technique de coordonner avant même la finalisation des différents avant-projets. D'autre part, des bureaux techniques ad hoc ont été chargées de contrôler lesdites normes.

Programme stratégique.

Après le séisme de 2004, Al-Hoceima n'avait pas été en reste. Trois mois jour pour jour après qu'il est advenu, le gouvernement Driss Jettou avait mis sur les rails un plan stratégique, présenté devant le roi Mohammed VI, qui, soit dit en passant, s'était personnellement rendu dans les lieux du drame et y avait dressé une tente, entouré de toute son équipe.

En quoi avait assité le plan stratégique du gouvernement Jettou ? En priorité, il fallait bien évidemment retaper tout ce qui avait été détruit. Il faut dire que plus de 12.000 immeubles avaient été impactés, dont quelque 1.000 avaient été totalement été réduits en poussière. Aussi, il fallait remettre en service les services de proximités, nécessaires dans la vie quotidienne des citoyens. Au total, ce sera une enveloppe de 4,3 milliards de dirhams qui sera entièrement dédiés, dont une partie fut notamment directement remise aux citoyens à titre d'aide, en l'espèce d'un numéraire de 16.000 dirhams par bénéficiaire, en sus de matériaux (ciment, acier).

En outre, l’Agence pour le développement du Nord avait également été mise à contribution.

L'expérience acquise à Agadir et Al-Hoceima avait plus tard servi à l'élaboration du programme d’appui à la gestion intégrée des risques de catastrophes naturelles et de la résilience, adopté en avril 2016 par le gouvernement Abdelilah Benkirane.

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