Plusieurs pays africains ont condamné les traitements infligés à leurs ressortissants en Chine, soupçonnés par les autorités locales de propager le Covid-19.
Rien ne va plus entre l’Afrique et la Chine. Du Kenya à la Sierra Leone en passant par l’Ouganda, le Nigeria et le Ghana, les réactions des pays africains ont été vives quant aux traitements infligés à leurs ressortissants dans l’Empire du Milieu et que d’aucuns vont jusqu’à qualifier de racistes. En effet, un grand nombre de ces ressortissants expatriés dans la ville de Canton, dans la région méridionale chinoise du Guangdong, se retrouvent depuis plusieurs jours harcelés par les autorités locales, qui les soupçonnent de propager le SARS-CoV-2, le virus responsable de la pandémie de Covid-19 qui frappe quasiment la planète entière actuellement. Raison de cette mise en cause, l’affaire de cinq Nigérians qui se seraient soustraits à la quarantaine de quatorze jours à laquelle il auraient été assignés après leur entrée en Chine, comme y sont astreints depuis le 11 mars tous les voyageurs arrivant dans le pays depuis l’étranger.
Dans l’oeil du cyclone
Quatre d’entre eux se seraient notamment rendus dans un restaurant du quartier africain de Yuexiu, dont la propriétaire et son fils âgé de huit ans auraient été contaminés. Quelque 197 personnes ayant été en contact avec eux auraient été placées en isolation, et les pouvoirs publics à Canton ont pris la décision de fermer l’ensemble des restaurants de la ville pour quatorze jours, afin d’éviter l’apparition de nouveaux foyers épidémiques. Mais surtout, donc, les quelque 16.000 Africains vivant sur place se sont retrouvés dans l’oeil du cyclone, faisant l’objet de contrôles et de tests forcés et étant même expulsés, pour beaucoup, de leurs domiciles, sans pouvoir prendre de chambres dans les hôtels, desquels ils ont également été éconduits.
Les 10 et 11 avril, les chefs des diplomaties nigériane et ghanéenne ont respectivement convoqué les ambassadeurs de Pékin dans leurs pays, suivis par le président de la commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat. Ce dernier, sur le réseau social Twitter le 11 avril, a révélé avoir fait part à l’ambassadeur Liu Yuxi de son «extrême préoccupation» vis-à-vis des nouvelles parvenant de Canton au sujet des Africains de la ville, et indiqué que «son bureau (...) a appelé à des mesures correctives immédiates». Même des Afro-Américains, dont certains n’ont pourtant jamais mis les pieds en Afrique, ont été pris dans l’étau des autorités cantonaises, et ce sur la seule base de leur couleur de peau. Dans des déclarations rapportées par l’Agence France-Presse (AFP), le département d’Etat américain n’a pas manqué, à ce propos, de fustiger ce qu’il a qualifié de «xénophobie des autorités chinoises à l’égard des Africains».
Ne niant pas les dépassements commis mais rejetant tout «racisme», le gouvernement chinois s’est engagé par la voix d’un porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, via un communiqué diffusé le 12 avril, à «affiner et (...) améliorer sans tarder [les] méthodes de travail» de ses autorités à Canton. Il le faudra en tout cas pour que les relations entre l’Afrique et la Chine gardent le niveau d’excellence qui est le leur et qui est si encensé qu’il a consacré l’expression «Chinafrique».