Affaire Lalla Mimouna: le silence du ministre de la santé scandalise les marocains

Une enquête a été ouverte par quatre départements ministériels: l’Intérieur, la santé, l’agriculture et l’emploi. Deux sociétés espagnoles, Frigodar et Natberry, sont les propriétaires des fermes de fraises où sont détectés les 700 cas de Coronavirus.

Choc et consternation sont les principaux sentiments ressentis par les Marocains à la découverte du foyer Lalla Mimouna, dans la région de Kénitra. Il s’agit du plus grand cluster de Coronavirus jamais enregistré dans le pays depuis l’éclatement de la crise sanitaire. Plus de 700 cas ont été testés positifs au Covid- 19 chez les ouvrières qui travaillent dans les fermes de cueillette de fraises. Le scandale est tellement énorme que le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a annoncé, samedi 20 juin dernier, avoir ouvert une enquête dans laquelle sont impliqués quatre départements ministériels: l’Intérieur, l’Agriculture, l’Emploi et la Santé.

Une enquête visant à déterminer les responsabilités dans cette affaire qui révèle bien des failles et des dysfonctionnements dans le système de veille et de vigilance qui incombent aux autorités locales. Mais au-delà de l’ampleur et de la gravité sanitaire de ce foyer, qui, il faut bien le dire, a suscité une énorme crainte chez les habitants de toute la région de Kénitra, Ouazzane et Larache, où sont situées ces fermes, c’est le silence assourdissant du ministère de la Santé sur ce cluster. Valeur d’aujourd’hui, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, n’a toujours pas communiqué sur cette affaire, au moins, pour expliquer aux Marocains ce qui s’est réellement passé sur le plan médical. La colère s’est alors emparée des réseaux sociaux, qui dénoncent un manque de respect envers les Marocains qui s’attendaient à une communication officielle de la part dudit ministère.

Or, c’est le ministère de l’intérieur qui sort avec un communiqué, samedi 20 juin, pour annoncer la fermeture totale de toutes les communes rurales qui entourent Lalla Mimouna. Une situation qui a conduit le ministère de l’intérieur à maintenir Larache et Kénitra dans la zone 2. Il faut préciser que les 700 personnes infectées, qui ont été transférées dans un hôpital de campagne monté dans la ville de Sidi Yahya El Gharb, sont, selon l’agence de presse espagnole EFE, pour la plupart des fermières saisonnières qui travaillent pour le compte des sociétés espagnoles Frigodar et Natberry. Appartenant à des investisseurs espagnols établis au Maroc, les deux sociétés exportent leurs productions vers l’Europe.

Conditions désastreuses
Frigodar est la société se trouvant dans la petite commune de Lalla Mimouna. Elle ne compte pas moins de 457 cas actifs, tandis que la deuxième société, Natberry, située dans la commune de Chouafaa, a enregistré quelque 103 cas positifs au nouveau coronavirus. Les cas positifs des deux sociétés ont infecté les communes avoisinantes. Plusieurs témoignages recueillis sur place soupçonnent la responsabilité des patrons des deux sociétés qui ne soumettaient pas leurs employés aux tests de dépistage avant la reprise de l’activité. S’ajoutent à cela les conditions désastreuses dans lesquelles ces femmes travaillent contre des salaires misérables. Mais, vu leur situation d’extrême précarité, elles acceptaient les conditions de leurs employeurs. En tout cas, l’enquête annoncée par le ministre de l’intérieur permettra de faire toute la lumière sur cette affaire.

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