En dépit d’une accalmie de façade, la mort du jeune Nahel ravive encore la colère des diasporas étrangères en Hexagone, notamment maghrébine et africaine. La France de Macron ne veut pas reconnaitre le racisme et la violence policière.
Retour au calme progressif et prudent en France après près d’une semaine d’émeutes ayant suivi la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans d’origine algérienne, le 27 juin 2023, tué par un policier. Des émeutes comme la France n’en a jamais vu depuis des décennies. Pourtant, le gouvernement n’a vu dans cette grogne populaire dénonçant la discrimination contre les Français d’origine étrangère, notamment maghrébine et africaine, qu’un accès de violence de jeunes en proie à une « forme de mimétisme » sur les réseaux sociaux.
Emmanuel Macron, le président français, a même pointé du doigt le rôle des réseaux sociaux dans les émeutes et laissé entendre l’option de bloquer certains d’entre eux comme Snapchat, Twitter et TikTok, dans une réunion mardi 4 juillet à l’Elysée avec les 220 maires des communes profondément touchées par les émeutes. « Nous avons besoin d’avoir une réflexion sur l’usage des réseaux sociaux chez les plus jeunes. [...] Sur les interdictions que l’on doit mettre. [...] Et quand les choses s’emballent, il faut peutêtre se mettre en situation de les réguler ou de les couper. Il ne faut surtout pas le faire à chaud, et je me félicite qu’on n’ait pas eu à le faire », a résumé Emmanuel Macron, cité par BFMTV.
Violences policières
Tout a commencé mardi 27 juin, 8h16, avenue Joliot-Curie à Nanterre (Hautsde- Seine). Deux policiers contrôlent les passagers d’une voiture. L’un des officiers de police tire et tue le conducteur, Nahel, l’adolescent d’origine algérienne, après que ce dernier ait tenté de prendre la fuite. Depuis, des manifestations violentes sont allées crescendo : troubles à l’ordre public, incendies de poubelles, casse de commerces, pillages de magasins... Auditionné par la commission des Lois du Sénat mercredi 5 juillet, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a fait le bilan des dégradations en France : 23878 feux sur la voie publique, 12031 véhicules incendiés, 2508 bâtiments incendiés ou dégradés ont été enregistrés par le gouvernement.
Aussi, depuis le début des violences, il y a eu 3505 interpellations, dont 1373 à Paris et en proche banlieue, a détaillé Gérald Darmanin. Le plus jeune interpellé a «11 ans» et le plus âgé «59 ans», a-t-il précisé. Pour mettre fin aux émeutes, le gouvernement français a mis en place un dispositif nocturne de 45 000 policiers et gendarmes. Pendant une semaine, la France donnait l’impression d’avoir sombré dans une « guerre civile ».
Des avocats et magistrats français ont dénoncé une justice expéditive et une justice à deux vitesses. La plupart des condamnés sont des jeunes dont l’âge moyen est de 17 ans qui de surcroît, n’ont pas d’antécédents judiciaires. Quelque 90 organisations dont Europe Écologie-Les Verts (EELV), la France Insoumise (LFI), la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) ou bien encore Solidaires et la CGT ont appelé à des marches citoyennes samedi 8 juillet pour exprimer leur « deuil et colère » et fustiger les politiques jugées « discriminatoires » contre les quartiers populaires.
Le hasard n’a pas sa place ici. Les violences policières en France ont causé nombre de décès parmi les Maghrébins en particulier ou Africains en général. Ce qui ne laisse pas de doute sur la politique de l’Hexagone, berceau des droits de l’homme, qui nourrit le racisme, la discrimination, la xénophobie et l’islamophobie.