Pour lui, c’était la patrie d'abord
Il existe des hommes, parmi l’élite de l’appareil d’État, qui ne sont pas particulièrement connus du grand public. C’est qu’ils sont volontiers discrets, donc pas de nature à faire parler d’eux et à attirer les médias. Abderrahmane Benomar, décédé le 21 décembre 2016, à Rabat, après une longue maladie, faisait partie de ces commis d’État qui préfèrent l’efficacité de l’action à toute autre forme d’apparat ou de propos de circonstances.
Abderrahmane Benomar est né en mars 1939 à Souk Sebt, à quelques kilomètres de Fkih Bensaleh dans la province de Beni Mellal. Issu d’une famille de grands serviteurs de l’État, il a arpenté dès sa prime jeunesse les arcanes des étages supérieurs de l’Administration. Son père, Mohamed Benomar, était caïd dans la région. Il était l’un de ces caïds qui ne transigeaient pas sur la question de souveraineté nationale, incarnée par la monarchie.
C’est dans ce milieu familial fortement imprégné de la primauté absolue du devoir national que Abderrahmane Benomar a vécu toute sa vie durant, ainsi que ses frères; dont Ahmed Benomar, général de la gendarmerie, Lamine Benomar, l’actuel wali de Dakhla et ex-ministre, et le défunt Omar Benomar, grand animateur des réseaux sportifs et dont un grand tournoi de tennis porte le nom.
Un travail louable
Pacha d’Agadir, Abderrahmane Benomar était bien parti pour faire carrière dans l’administration du territoire. Le général Ahmed Dlimi va le reverser dans une autre administration, la DGED, dont il avait la charge. Il sera son directeur de cabinet. Une marque de confiance que le général avait pour lui, vu sa compétence et son dévouement à la tâche. Libéré de cette fonction, au début des années 1980, il rejoint le dispositif diplomatique du Maroc, comme ambassadeur en Suisse, puis en Mauritanie, ensuite aux Pays-Bas pour revenir une deuxième fois en Mauritanie où il est resté de longues années. Jovial et disponible, il laisse une très bonne impression dans tous les pays où il a exercé.
C’est en Mauritanie qu’il va donner la pleine mesure de sa maîtrise des us et coutumes diplomatiques. Il tisse un réseau de franches amitiés avec ses pairs à Nouakchott, dont il était le doyen, ainsi qu’avec les hauts responsables de l’État mauritanien. Un travail d’autant plus louable que la fonction diplomatique chez nos voisins du Sud n’est pas de tout repos. Il a en effet inlassablement travaillé pour que les rapports avec la Mauritanie soient fondés sur une coopération aux intérêts mutuels bien compris et une volonté commune d’entretenir un voisinage constructif et fructueux.
Les gestes inamicaux de l’actuel président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz n’ont en rien entamé sa détermination. Abderrahmane Benomar a été inhumé le 21 décembre 2016 au cimetière Chouhada, à Rabat. Il laisse trois enfants, deux filles et un garçon.