Abdellatif Miraoui fait table rase de la réforme Amzazi et lance sa propre réforme de l’enseignement supérieur

Ces réformes qui n’en finissent pas

Aujourd’hui, il ne s’agit pas d’opter pour une réforme ou une autre, mais de construire sur les acquis et surtout redonner l’espoir à nos jeunes.

Le système de l’Enseignement supérieur marocain n’en finit pas de faire l’objet de réformes. Après le plan de réforme de l’ex-ministre Saaid Amzazi, voilà que Abdellatif Miraoui, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’Innovation, nous annonce sa propre réforme dans le cadre du «Plan national d’accélération de la transformation de l’écosystème de l’enseignement supérieur et de l’innovation (Pacte ESRI 2030)». Or, le moins qu’on puisse dire est que chaque nouvelle réforme fait table rase de la précédente. Souvent, menée dans l’urgence, elle ne produit pas l’effet souhaité. Aujourd’hui, le système produit, par exemple, une grande quantité de diplômés incapables de s’intégrer dans le tissu économique du pays ou de suivre l’évolution des entreprises marocaines. Sans parler de problèmes plus urgents à régler, comme celui de ces milliers d’étudiants marocains victimes de la guerre d’Ukraine.

Énormes inégalités
L’enseignement supérieur continue, ainsi, de pâtir de la discontinuité des réformes. Celle que vient de nous annoncer M. Miraoui, lors de sa conférence de presse tenue, le 26 avril 2022, à Rabat, ne fait pas l’exception. Puisque pour notre ministre, cette «réforme pédagogique ambitieuse» n’aspire ni plus ni moins qu’à dispenser «un enseignement de qualité et à assurer au pays des lauréats de qualité». Elle repose principalement, nous dit-il, sur «l’apprentissage des langues, la promotion du digital et l’adaptation de l’enseignement au marché du travail».

Néanmoins, ces objectifs, certes, louables, ne doivent pas faire oublier que le nouveau ministre est confronté à d’autres problèmes auxquels il doit faire face, à savoir des établissements surchargés, un décrochage universitaire, un encadrement insuffisant, d’énormes inégalités, etc. En somme, un enseignement supérieur qui, malgré les réformes successives, peine à se renouveler. Ses performances alarmantes suscitent toujours plus de craintes quant à l’avenir professionnel des diplômés. Car, jusqu’à maintenant, nos universités ne semblent pas en mesure de répondre à une demande sociale de plus en plus pressante, ni au nouveau modèle de développement lancé par le Royaume.

Et pour cause, nos universités, surtout publiques, subissent la pression de la massification de l’enseignement, sans parler des autres dysfonctionnements dont elles souffrent et, qui portent le nom de la mauvaise qualité des formations, de conditions d’apprentissage qui laissent à désirer dans les différentes filières ou le chômage qui touche de nombreux lauréats. Soit autant de fléaux qui ont fortement terni l’image de l’université publique dans son ensemble et qui rendent nos étudiants plus pessimistes quant à leur avenir.

Forte démotivation
Cet état d’esprit se traduit également par une forte démotivation des jeunes et une perte de confiance dans le système d’enseignement supérieur en général. Des réalités qu’il est plus que jamais essentiel de prendre en compte dans les processus de valorisation des formations et de restauration de l’image de marque de l’université marocaine.

C’est dans cet esprit que toute réforme préconisée doit oeuvrer pour maintenir le cap des orientations stratégiques, et de les prémunir contre les aléas des changements de couleur politique des équipes gouvernantes, tout en prévoyant des mécanismes réglementaires dynamiques à même d’intégrer les nouveautés et de s’y adapter. Elle doit, ainsi, intégrer le principe de la continuité dans les grandes orientations pour faire aboutir les réformes, tout en introduisant des innovations de rupture pour remédier aux dysfonctionnements constatés. On ne le répétera jamais assez, l’université doit plus que jamais réussir sa mission formatrice dans un environnement en pleine mutation.

Dynamique de transformation
D’abord, en prenant en compte les attentes et aspirations des jeunes en termes de qualité et de pertinence des formations, ainsi qu’en termes de conditions d’apprentissage. La prise en compte de ces attentes est d’autant plus pressante que les nouvelles générations imprégnées de la culture de la communication numérique et de la prise de parole sur les réseaux sociaux n’hésitent pas à exprimer leur avis sur les formations et les perspectives qui leur sont proposées. En renforçant, ensuite, les capacités des étudiants afin qu’ils soient en mesure de s’adapter à des environnements de travail en pleine dynamique de changement et de transformation.

La formation acquise à l’université se doit de maintenir sa fonction d’ascenseur social pour redonner espoir à la jeunesse. La qualité des enseignements, la valeur des diplômes, les aptitudes et les compétences acquises à l’université renforcent, pour chaque jeune qui passe par l’université, la confiance en soi, en l’avenir et en la valeur de la formation comme moyen d’épanouissement individuel et d’ascension sociale.

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