A Zagora, les manifestations contre les pénuries d'eau se poursuivent


Une lutte pour la survie


Il a fallu que des affrontements avec la police dégénèrent et que des arrestations en masse s’en suivent pour que la voix de la population de Zagora soit entendue.

Une énième manifestation, ce mercredi 18 octobre 2017, à Zagora, cette petite ville de 30.000 habitants de la région du Drâa-Tafilalet. Les femmes sont descendues dans la rue, des bidons vides à la main, pour protester contre la pénurie d’eau. L’eau est distribuée au compte-gouttes, quelques heures par jour. Et encore, elle est imbuvable. Ittou, la cinquantaine, est fatiguée de protester chaque jour devant le siège de la province. «Nos marches pacifiques et nos cris de détresse n’ont pas fait bouger les responsables pour nous trouver une solution immédiate à une question aussi vitale que celle de l’eau potable. Les responsables nous demandent plus de patience et nous bercent de promesses. Je me demande s’ils peuvent, eux, vivre sans eau», se révolte-t-elle, les larmes aux yeux.

Comme Ittou, des centaines de femmes, voire de familles entières, restent plusieurs jours sans eau buvable. Et cela dure depuis le début de l’été. Même si elles sont, pour leur majorité, analphabètes, ces femmes dignes et fières savent que l’origine de la pénurie d’eau n’est pas uniquement naturelle, liée plus précisément à la sécheresse, la faible pluviométrie qui caractérise la région depuis des décennies et notamment ces dernières années.

Des solutions provisoires
Elles accusent sans détours les responsables du secteur de l’agriculture d’exploiter à outrance cette denrée rare. Les grands agriculteurs de la région pompent dans la nappe phréatique pour irriguer leurs champs de pastèque. Le département de l’Eau est aussi concerné par cette mauvaise gestion et dont la réaction s’est fait attendre. Ce qui complique davantage la situation, c’est la salinité élevée de l’eau des puits, qui rend celle-ci inutilisable pour les êtres humains comme pour le bétail. Lorsque les manifestations sont devenues récurrentes et un peu violentes, la question est devenue une affaire d’Etat. Le Roi Mohammed VI a ordonné la mise en place d’une commission spéciale et a donné ses instructions au chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, pour étudier le problème et trouver des solutions.

Sur le plan local, une réunion présidée par le gouverneur de la province en présence notamment des élus locaux et des représentants de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE, a été marquée par un exposé du chef de service du secteur de l’eau axé notamment sur les projets réalisés et d’autres en cours de réalisation ou programmés par l’office dans la ville de Zagora. Des mesures urgentes ont été prises en vue de renforcer les infrastructures hydriques, notamment le forage d’un puits dans la région de Nabch. Des effets d’annonce encore sans grand impact. Des solutions provisoires en attendant des vrais projets structurants qui assureraient une alimentation régulière en eau…vraiment potable.

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