Le taux de croissance du PIB par habitant ne sera pas le même d’un pays à l’autre en 2021. Il variera de -9,8 % au Liban, plongé dans une profonde récession, à 4% au Maroc.
La pandémie du Covid-19 a coûté 200 milliards de dollars de pertes de PIB aux pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). C’est ce qui ressort du dernier bulletin d’information économique de la Banque mondiale, intitulé «Excès de confiance: Comment des défaillances économiques et sanitaires ont laissé la région MENA démunie face à la Covid-19». Le coût cumulé estimatif de la pandémie en termes de pertes de produit intérieur brut est calculé par rapport au niveau que le PIB régional aurait atteint en l’absence de pandémie. D’après le rapport, le PIB régional s’est contracté de 3,8% en 2020 et devrait croître de 2,8% en 2021.
«L’impact désastreux de la pandémie sur l’activité économique régionale est un rappel douloureux du lien inextricable qui existe entre le développement économique et la santé publique. Nous sommes confrontés à une triste réalité: les systèmes de santé de la région MENA, qui étaient considérés comme relativement développés, se sont effondrés face à la crise», a affirmé Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
“Se préparer aux futures urgences”
«A l’avenir, il va falloir mettre davantage l’accent sur le renforcement des fonctions essentielles de santé publique et utiliser le pouvoir des données de santé et des systèmes de prévention sanitaire comme levier pour accélérer la reprise dans la région et se préparer aux futures urgences de santé publique que pourraient générer de nouvelles pandémies, des catastrophes d’origine climatique et même des conflits sociaux», déclare-t-il.
En ce qui concerne le PIB par habitant, le rapport prévoit pour 2021 une reprise timide et inégale dans toute la région MENA. En effet, d’après les prévisions, le PIB par habitant de la région ne devrait augmenter que de 1,1% en 2021, après avoir diminué de 5,4% en 2020. Vers fin 2021, il sera toujours inférieur de 4,3% au taux enregistré en 2019. En 2021, 13 pays de la région sur 16 auront un niveau de vie inférieur à ce qu’ils connaissaient avant la pandémie.
En outre, le taux de croissance du PIB par habitant ne sera pas le même d’un pays à l’autre. Il variera de -9,8 % au Liban, plongé dans une profonde récession, à 4% au Maroc. La reprise dépendra aussi du déploiement rapide et équitable des vaccins, particulièrement au moment où apparaissent de nouveaux variants du virus. L’incertitude politique dans certains pays et le rythme de relance de l’activité touristique dans d’autres présentent aussi des risques pour la croissance.
«Les deux dernières années ont montré la nécessité d’endiguer la pandémie non seulement pour sauver des vies, mais aussi pour accélérer la reprise économique, qui est aujourd’hui précaire et inégale à travers la région MENA. Des systèmes de santé sous pression et la lenteur des vaccinations dans de nombreux pays de la région à revenu faible ou intermédiaire posent des risques baissiers», a déclaré, de son côté, Roberta Gatti, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Moyen- Orient et Afrique du Nord.