un 1er mai sans défilés, sans marches et sans célébrations

La fête du Travail à l’arrêt

Les restrictions sanitaires servent encore d’alibi aux autorités pour annuler la fête du Travail. Alibi parce que depuis quelques semaines, des dizaines de milliers de supporters s’entassent dans les stades de football, sans gestes barrières et sans distanciation physique.

Ce sera encore un 1er Mai sans grande fête puisqu’il n’y aura pas de célébrations publiques ou de marches à l’occasion de la fête mondiale du Travail et des travailleurs. Ce n’est pas nouveau. C’est devenu un rituel depuis trois ans déjà. Chaque fois, les restrictions sanitaires servent d’alibi pour empêcher la tenue de cette manifestation qui donne la voix aux syndicalistes et aux travailleurs de tous bords. Alibi parce que depuis quelques semaines, plus de 42.000 supporters s’entassent dans les stades de football, sans gestes barrières et sans distanciation physique. Décidément, le football est un enjeu politique de taille. Il peut servir à faire oublier le malaise social, le chômage et l’inflation des prix.

Des revendications misérables
Un communiqué de l’Union marocaine du travail (UMT), la plus représentative centrale syndicale du Royaume, laisse entendre que les autorités auraient décidé de maintenir les restrictions sanitaires à l’occasion des célébrations de la fête du Travail, dimanche 1er mai 2022. Pour le moment, les autorités n’ont officialisé aucune interdiction des manifestations publiques.

En tout cas, pour la centrale syndicale, pas de concession. Dans son communiqué, l’UMT, que préside Miloudi Moukharik, appelle ses militants, à travers le Maroc à programmer des célébrations et des actions de protestation dans les locaux de l’UMT du 29 avril au 1er mai. L’allocution traditionnelle de M. Moukharik se fera également, selon la même source, en ligne sur les réseaux sociaux de la centrale syndicale, le 1er mai, à partir de 12 heures.

Interdire les célébrations de cette journée internationale du Travail sera mal vu. Le 1er Mai n’est pas un jour férié. C’est le jour où le travailleur prend la parole pour défendre ses droits qui ne sont pas éternellement acquis. La preuve est le résultat de la rencontre entre le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, mercredi 27 avril 2022 à Rabat, avec les chefs des centrales syndicales et la CGEM autour du dialogue social. Il en ressort que le Smig sera bientôt revalorisé au Maroc et franchira la barre de 3.000 dirhams nets. Le gouvernement promet une baisse de l’impôt sur le revenu uniquement pour les fonctionnaires. Voici le fruit misérable de cette rencontre. Un Smig à 3.000 dirhams dans un contexte d’inflation des prix vertigineuse. Et puis, l’essentiel a été mis de côté: le chômage.

Depuis l’avènement de la pandémie, que d’emplois ont été perdus. Combien de personnes ont été licenciées. Abusivement, parfois. Cette crise sanitaire, couplée à une crise économique, a justifié tous les abus et tous les subterfuges. L’emploi est devenu précaire, incertain. Au moment où les syndicats font pression, moins qu’auparavant certes, le patronat, lui, soude ses rangs pour faire passer un projet de loi qui «tolérerait» le licenciement et autoriserait l’emploi à durée déterminée.

Cette lutte est ce qui donne depuis toujours raison à cette journée du 1er Mai qui, si elle n’est pas célébrée comme il faut, n’aura plus de sens. Car si pendant des décennies, les travailleurs défilaient le 1er mai, c’était pour demander à travailler en continu, chaque jour et tout le temps, pour la santé, pour les conditions de travail et leur sécurité sociale, plus que pour des revendications encore plus misérables que le Smig que réclament mordicus les syndicats. De nos jours, fort malheureusement, le syndicalisme anime beaucoup plus les dirigeants des syndicats que les adhérents. Quant aux chômeurs, devenus trop nombreux, ils ont été affaiblis par leurs grèves de la faim sans fin.

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