La dernière trouvaille de Zakaria Moumni est plus pitoyable que les précédentes. Il n’a pas trouvé mieux, pour le moment, que de déchirer son passeport marocain sur un plateau de télévision, le lundi 12 octobre 2015. Regrettable pour la chaine francophone TV5, qui affichait une meilleure image que celle de ces eaux troubles propices à tous les magouillages et tous les grenouillages occultes. Quant à la séquence du passeport, manifestement minable, elle est juste à la mesure de cet individu, dont il ne connaît pas la signification et de ses commanditaires de l’ombre.
Si vous ne connaissez pas l’énergumène en question, vous n’avez rien perdu, bien au contraire. Sachez, tout de même, que Zakaria Moumni a été sacré champion du monde de kick-boxing en 1999. Une formidable consécration pour un jeune homme de 19 ans, sorti du rang et du quartier populaire de Takaddoum, à Rabat. Même si, en comparaison avec la famille historique du noble art, le kickboxing n’est pas plus qu’une discipline marginale. Il semble taillé pour neutraliser le trop-plein d’agressivité de quelques marginaux.
En guise de récompense, Zakaria Moumni a eu deux agréments de taxi, le deuxième au nom de son père. Mais, il a voulu tout avoir, la fonction et les taxes. Mieux, il a placé la barre plus haut, en exigeant 4,9 millions d’euros pour monter un club de kick-boxing en France. Il a remué ciel et terre pour obtenir son package de revendications. Tout en faisant grand bruit dans les médias français, l’affaire Zakaria Moumni traîne. Jusqu’au moment où il est rattrapé en 2010 par des litiges de droit commun, suite à une plainte déposée contre lui pour “escroquerie” et usurpation de titre. Il dit avoir été enlevé, incarcéré et torturé pendant quatre jours dans un bâtiment relevant de la DST à Temara; avant d’être présenté au juge pour un procès qui lui a valu 36 mois de prison ferme. Il a finalement été libéré 18 mois après, le 4 février 2012, sur une grâce royale.
À sa sortie de prison, il fait une fixation sur le désir d’une rencontre avec le Roi, auquel, dit-il, il veut tout raconter directement. Comme attendu, à tout point de vue, l’audience n’aura jamais lieu. Zakaria Moumni change de registre. Étant libre de ses mouvements, il s’installe en France et se fait inviter sur toutes les tribunes.
Les déclarations de Zakaria Moumni ont une connotation franchement politique. Il fait feu de tout bois. Il devient une proie facile pour les chasseurs de ce type de gibier qui le prennent en charge. En définitive, l’affaire Zakaria Moumni a révélé, un peu plus, l’existence d’antennes motivées par un antimarocanisme primaire, et qui oeuvrent en sourdine. Autrement, comment imaginer qu’un tel tapage médiatique soit l’oeuvre d’un jeune homme à peine alphabétisé, dont les moyens d’expression sont au bout de ses gants?