Tourisme : une reprise controversée



Les arrivées touristiques peinent toujours à dépasser le cap du 10 million de visiteurs atteint en 2013. A trois ans de la fin du programme stratégique du tourisme, on est bien loin de l’objectif fixé d’accueilir 20 millions de touristes en 2020.

3,8 millions de touristes ont visité notre pays durant les cinq premiers mois de l’année 2017, une progression de (+9%) par rapport à la même période en 2016. Le bilan annoncé par les professionnels pour l’année en cours ne dérogera pas à la stagnation vécue ces dernières années par le secteur touristique. La croissance du secteur ne dépasse pas 2% depuis quelques années.

L’année dernière 10,3 millions de touristes ont visité le Maroc, avec une progression de 1,5% par rapport à 2015 et qui ont généré des recettes en devises de 63 milliards de DH contre 61 milliards en 2015. Insuffisant, lorsque l’on sait que le pays compte accueillir 20 millions de touristes en 2020 à la fin du programme stratégique du secteur initié par le gouvernement marocain en 2010.

A trois ans de l’échéance de l’an 2020, Mohamed Amal Karioun, président de la fédération nationale des agences de voyages du Maroc, nous confie que les arrivés touristiques ne dépasseront pas 11 millions à la fin du programme de la vision stratégique, censé accroitre les recettes touristiques à 140 milliards de DH.

Tout tend à croire que l’on n’arrivera même pas à 60% des arrivées touristiques projetées en 2020. Les données publiées récemment par l’Observatoire nationale du tourisme font ressortir une reprise de l’activité avec une progression à fin mai de 9% des arrivées touristiques par rapport à la même période de l’année dernière. Cependant, les principaux marchés émetteurs, tels que la France, la Grande Bretagne et l’Espagne, avec respectivement 5%, 0% et 8% ont peu contribué à cette hausse. D’autres marchés émergents ont affichés d’excellentes performances. C’est le cas de la Chine (+760%), le Japon 45% et les Etas Unis 34%. De même que les recettes  n’ont augmenté que de 0,7% pour atteindre 22,8 milliards de DH à fin mai.

Arrivées, nuitées et recettes, ces trois principaux indicateurs du secteur touristique sont toujours en soif de croissance à moins de trois ans de la fin du programme stratégique.

Cette faiblesse de la promotion touristique, Mr Karioun la constate et la dénonce : « je ne suis pas satisfaits en tant que représentant des agences de voyage, nous avons été écartés de tout débat sur les nouvelles orientations du secteur par l’ancien gouvernement. Aujourd’hui avec le nouveau gouvernement on observe ».  Il ajoute « les voyagistes ont perdu toute visibilité sur le devenir de leur profession ». Pour lui, les agences de voyages doivent être au centre de toute politique de promotion du secteur.

La promotion du secteur touristique marocain absorbe d’énormes budgets, notamment en direction des marchés émergents (Rusie, Chine, Brésil…), mais les retombées positives tardent toujours à se manifester.

En effet, le président de la fédération précise que le touriste ne dépense plus comme avant et ne fait donc plus tourner l’activité touristique et les secteurs rattachés tels que la restauration, l’artisanat…La formule All inclusive a tué les grandes destinations touristiques, en particulier Agadir et Marrakech.

Il serai impératif de se replonger, selon lui de redéfinir une stratégie globale des professions du tourisme et de définir quel type de tourisme on veut promouvoir dans les prochaines années.

Pour pallier les aléas de la conjuncture, les professionnels se tournent vers le marché interne qui représente plus du tiers des nuitées enregisrées. A ce titre, le plan Biladi lancé en 2007 à destination des familles marocaines peine à démarrer en raison du retard des projets lancés.

Par : Ghita Gatifi

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