La qualité de service et d’hygiène parmi les failles nuisant à l’attractivité touristique du Maroc
Mohamed Sajid a du pain sur la planche
Même si elle a régressé de trois places par rapport à 2015, l’attractivité touristique du Maroc se maintient dans une conjoncture plutôt défavorable marquée par les attentats et l’insécurité, surtout chez des pays voisins.
C’est ce qui ressort du récent rapport du Forum économique mondial de Davos (WEF) qui classe le Royaume au 65ème rang sur 136 pays, troisième en Afrique, et premier en Afrique du Nord, devançant la Tunisie (87ème) et l’Algérie (136ème), vu l’insécurité qui règne dans plusieurs pays de la région. Le rapport place d’ailleurs le Maroc au 20ème rang des destinations les plus sûres au monde. Sur le continent, le Royaume se positionne dans le Top 10 des destinations africaines les plus compétitives, et fait partie du trio de tête. Il se place derrière l’Afrique du Sud et Maurice. Le Maroc est bien classé par rapport à la priorité donnée aux voyages et au tourisme, l’environnement des affaires, les bons prix… Le tourisme est considéré comme un secteur stratégique pour le pays et il a été considérablement développé. Les touristes sont attirés par les ressources culturelles et naturelles mais aussi les voyages d’affaires.
Sur quels critères s’est basé le Forum économique mondial de Davos pour établir ce classement dans son rapport? Plusieurs critères en vérité. Sur certains d’entre eux en tout cas, les tirs doivent nécessairement être rectifiés, à commencer par la qualité des ressources humaines. Sur les plans de la santé et de l’hygiène, en particulier la disponibilité de la capacité litière (110ème) et l’accès à l’eau potable (108ème), le Maroc est un élève médiocre.

Mohammed Sajid, ministre du Tourisme, du Transport aérien, de l’Artisanat et de l’Economie sociale
Faiblesse des ressources humaines
Se basant sur 16 critères, dont la sécurité, l’infrastructure, les ressources culturelles et la santé, le rapport pointe surtout les défaillances en matière d’hygiène. Sur ce point, le Maroc arrive 99ème sur les 136 pays. La faiblesse de l’infrastructure touristique est également criante puisque le Maroc est classé 80ème. Le rapport critique aussi la faiblesse de la qualité des ressources humaines. Les ressources naturelles (47ème rang), les voyages d’affaires et les ressources culturelles (41ème rang), ainsi que la priorité accordée au voyage et au tourisme (35ème rang) sont mieux notés.
Après une petite croissance de 1,5% en 2016, le secteur touristique repart sur une courbe légèrement croissante. Durant les deux premiers mois de l’année 2017, les arrivées aux postes-frontières ont progressé de 10,5% en glissement annuel, avec cette précision que le nombre de touristes étrangers augmente de 14,4%, contre une hausse de 5% pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE).
Diversification des marchés
Si le Maroc cherche à sortir de sa zone de confort en diversifiant les marchés émetteurs afin d’atteindre les 11 millions de touristes en 2017, il ne néglige pas pour autant ses marchés traditionnels. Près de 3,3 millions de touristes français ont en effet visité le Maroc en 2016, ce qui représente 32% des arrivées enregistrées aux postes-frontières du Royaume. Pour renforcer les arrivées, l’Office national marocain de tourisme (ONMT) a lancé, récemment, une campagne presse en France, avec un slogan tiré du carnet de voyage d’Eugène Delacroix: «Ce lieu est fait pour les peintres… Le beau y abonde».
Le marché italien n’est pas du reste. Il renferme un potentiel important pour la destination Maroc. Des actions ont ciblé ce marché en 2016 et d’autres sont programmées par l’ONMT en 2017. Le Royaume vise à attirer quelque 425.000 touristes italiens cette année, soit 5% de plus qu’en 2016, en organisant des voyages de presse, en renforçant sa participation à de grandes manifestations grand public et B2B (business to business) et sur d’autres événements culturels.
Pour atteindre les 11 millions de touristes, les responsables du secteur l’ont compris: prospecter des marchés nouveaux pour achalander davantage de touristes, particulièrement américains, russes, polonais et chinois. Un chiffre de 600.000 touristes supplémentaires en 2017 provenant de ces marchés est l’objectif à atteindre cette année. Mais il est insensé de vouloir atteindre ce chiffre en termes d’arrivées touristiques et de nuitées en passant à côté d’une revendication ancienne des professionnels, qui demeure toujours d’actualité: la diversification de l’offre en matière de transport aérien, qui doit jouer le maximum de synergies avec le secteur du tourisme.
Une synergie avec le transport aérien
Ancien maire de Casablanca, Mohamed Sajid, que le Roi a nommé ministre du Tourisme, s’est vu rattacher à son département, pour la première fois au Maroc, le transport aérien. Il était évident que les perspectives des deux secteurs se croisent. Mohamed Sajid aura devant lui un professionnel averti, en l’occurrence Abdelhamid Addou, que le Roi a nommé, le 6 février 2015, PDG de la compagnie Royal air Maroc (RAM) lors du conseil des ministres qu’il a présidé à Laâyoune. Ancien directeur général de l’Office national marocain du tourisme (de 2008 à 2013), M. Addou dirigeait par ailleurs depuis 2014 la Société d’aménagement de la station balnéaire de Mogador (province d’Essaouira).
La compagnie nationale a réellement besoin d’une nouvelle stratégie de développement qui tienne compte des exigences du développement du tourisme, secteur économique de priorité nationale. Et surtout de l’écoute des professionnels du tourisme, que M. Addou a côtoyés personnellement lors de son mandat à l’ONMT. D’où la nécessité de la synergie qui va, ou plutôt qui devra, être créée entre le ministre du Tourisme et le patron de la RAM. L’ouverture de plusieurs lignes aériennes est plus qu’attendue, les longs courriers, notamment, (Canada, USA…). Une même destinée.