LA POLICE MAROCAINE D’AUJOURD’HUI EST BIEN LA FILLE DE SON SIÈCLE.
Dans un pays comme le Maroc où police rime d’abord avec maintien de l’ordre, et donc davantage protéger que servir, il fallait se lever tôt pour changer cette perception forcément manichéenne, et pas vraiment représentative de la réalité, chez le commun des citoyens -les abus, aussi isolés soient-ils, l’emportant toujours, fatalement, dans les esprits sur les données objectives du terrain. Pari fou peut-être? En tout cas, le directeur général de la Direction générale de la Sureté nationale (DGSN), Abdellatif Hammouchi, s’y colle avec un certain succès depuis sa désignation au poste, en mai 2015, en remplacement de Bouchaib Rmail. Ce 15 février 2019, ladite direction a ainsi mis en place un compte sur le réseau social Twitter; énième initiative qu’elle a prise, au cours des dernières années, sous la férule de son actuel patron. Pour bien mesurer la portée symbolique de la chose, la DGSN n’a, jusqu’ici, pas vraiment été portée sur la communication; donnant même l’impression, en fait, d’y être réfractaire -d’où sans doute d’ailleurs, ceci expliquant cela, les mauvais procès qui lui sont faits par d’aucuns.
M. Hammouchi est, en tout état de cause, décidé à secouer le cocotier: sa police sera humaine, semble-t-il vouloir faire entendre, ou ne sera pas. Ceci, Maroc Hebdo l’avait d’ailleurs bien souligné dans le portrait qu’il lui avait consacré, en décembre 2016, en lui décernant sa récompense d’homme de l’année; entre autres pour sa volonté de se rendre plus proche de la population. La DGSN venait d’autant plus de publier pour la première fois un rapport d’activité publique, où on pouvait trouver, dans le menu détail, tout ce qu’il fallait savoir sur ses réalisations au cours de l’exercice. Bien loin d’une lubie passagère, la publication de ce rapport a même constitué un acte fondateur, puisque la police a, au cours des deux dernières années, poursuivi sur la même lancée: jusqu’à, donc, Twitter, les hommes de M. Hammouchi ont conquis de plain-pied les moyens de communication modernes.
Ces derniers peuvent même en outre, désormais, s’enorgueillir de compter un porte-parole de la trempe du commissaire-divisionnaire Boubker Sabik, très brillant et maniant avec une véritable aisance l’arabe -et aussi, dit-on, le français- comme ont pu le constater les Marocains fin décembre lors de sa participation à l’émission Confidences de presse sur la chaîne 2M, où il était venu s’exprimer au sujet du meurtre des touristes scandinaves Louisa Vesterager Jespersen et Maren Ueland par des terroristes dans la région de Marrakech. Justement, l’ouverture aux médias suite à ce meurtre, pour les tenir au courant des derniers développements de l’enquête, avait été saluée même par les journalistes ayant fait le déplacement depuis l’Europe du Nord pour couvrir l’affaire, sachant bien que leurs pays font figure de référence en la matière. Il ne fallait cependant pas en être surpris, tant il faut se convaincre que la police marocaine est, valeur aujourd’hui, bien la fille de son siècle, quitte à renoncer à certaines idées reçues..