PLF 2019 : Le budget, un exercice d'équilibrisme



Dans le contexte conjoncturel actuel, on ne voit pas comment le gouvernement va boucler son budget sans creuser davantage le déficit.

Quelles sont marges de manoeuvre d’une Loi de Finances 2019 qui s’est donnée comme priorité des priorités le social? Le moins qu’on puisse dire, c’est que les parlementaires auront du pain sur la planche. Au nom du maintien des équilibres sociaux seront-ils à même de convaincre Mohamed Benchaaboun, le ministre de l’économie et des finances à sacrifier le maintien des équilibres macroéconomiques? Rien n’est moins sûr tant que la question du financement des dépenses sociales ne trouve pas de réponse satisfaisante.

Or, dans le contexte conjoncturel actuel, marqué par une croissance molle et surtout par une stabilisation des recettes fiscales, on ne voit pas comment le gouvernement peut y arriver sans creuser davantage le déficit budgétaire. Or, le gouvernement a déjà réactualisé ses prévisions de déficit à 3,8% au lieu de 3% initialement. Cette situation est d’autant plus inquiétante que l’endettement du Trésor a atteint ses limites. Une dette publique qui a dépasse 65% du PIB à fin 2017. C’est que l’atonie de la croissance n’arrange pas les choses. Ceci à un moment où rien de nouveau ne joue dans le sens de l’élargissement de l’assiette de l’impôt et surtout que l’État n’arrive pas à réduire son train de vie. Alors l’endettement ne peut que gonfler: 391 milliards de dirhams depuis 2018.

Dépenses d’éducation et de santé
Pour 2019, la facture s’élèvera encore à pas moins de 67 milliards de dirhams en principal et intérêts, selon les projections du budget 2019. En partant de l’hypothèse optimiste d’un taux de croissance de l’économie de 3,6%, le besoin brut de financement sera de 102 milliards de dirhams. Le gouvernement n’aura, encore, d’autre solution que de recourir à l’emprunt. Les prévisions tablent sur un montant de 27 milliards de dirhams, mobilisables à l’extérieur. Ainsi, vu ce seuil d’endettement, il sera difficile d’aller plus loin.

Comment, alors, face non seulement aux besoins d’investissement public et à la hausse des dépenses de fonctionnement, mais aussi aux besoins en création d’emplois, aux dépenses d’éducation et de santé? Par quel jeu d’équilibrisme va t-on sortir de ce paradoxe d’un pays qui veut investir massivement dans l’économie pour lui faire atteindre des taux de croissance de pas moins de 5% du PIB, tout en faisant face aux multiples défis sociaux?

Selon un dernier sondage du Haut Commissariat au Plan (HCP), en plus de la crainte du chômage, plus de 40% des citoyens sondés s’attendent actuellement à un effondrement de leur niveau de vie au troisième trimestre de l’année en cours.

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