Le royaume se tourne de plus en plus vers les énergies propres
Les énergies renouvelables. Voici l’une des principales clés dont l’humanité dispose pour faire ralentir les changements climatiques et affronter leurs effets néfastes. Et le Maroc, qui organise du 7 au 18 novembre 2016 la conférence mondiale sur le climat (COP) s’érige comme une véritable puissance mondiale dans l’exploitation de ces énergies. En effet, un rapport du réseau international REN21 (Renewable Energy Policy Network for the 21st Century), publié le 1er juin 2016, classait le Royaume dans le top 5 des plus grands investisseurs dans ce domaine.
En février de la même année, un autre rapport de EY, un des plus grands cabinets d’audit financier du monde, qualifiait le pays «d’étoile montante de l’énergie renouvelable», précisant que «Le Maroc, le Chili, le Brésil et l’Inde sont des pays qui proposent des prix records pour leurs ressources solaire et éolienne non subventionnées comparées à leurs énergies fossiles», explique EY.
Cela s’explique notamment par la nouvelle Stratégie énergétique marocaine adoptée en mars 2009, dont l’objectif principal est d’atteindre 42% de part des énergies renouvelables, répartis à égalité entre le solaire, l’éolien et l’hydraulique (soit 14% et 2000 Mégawatts chacun), dans la production énergétique nationale totale à l’horizon 2020, avant de passer à 52% en 2030, avec des investissements colossaux de l’ordre de 32 milliards de dollars.
Des objectifs réalisables étant donné le potentiel dont dispose le pays avec un taux d’ensoleillement de 300 jours par an, d’autant que la vitesse des vents y atteint une moyenne de 9m/s dans les régions du littoral notamment, en plus de ressources hydriques non négligeables. Mieux encore, le 100% énergies renouvelables, bien qu’il paraisse très difficile à atteindre, n’est pas du tout impossible. C’est du moins ce qui ressort d’une étude publiée en octobre 2016 par l’université de Stanford, en Californie. Celle-ci estime que le Maroc a toutes les ressources pour atteindre le 100% énergies renouvelables de son mix énergétique d’ici 2050.
Le fabuleux Noor
Loin des prévisions et des espérances, le Maroc est déjà passé à la vitesse supérieure. Plusieurs projets d’énergies renouvelables sont déjà au stade d’exploitation, d’autres de réalisation. Le projet Noor est certainement le plus important. Développé à Ouarzazate, Laâyoune, Boujdour, Midelt et Tata, à travers l’utilisation de différentes technologies solaires sélectionnées pour répondre aux besoins de l’ONEE, Noor devrait générer des investissements de plus de neuf milliards de dollars d’ici 2020 et permettre une économie annuelle des émissions de gaz à effet de serre équivalente à 3,7 millions de tonnes de CO2.
Dans ce sens, le complexe solaire Noor Ouarzazate est le premier méga-projet solaire lancé par Masen. D’une superficie de 3.000 hectares, il abritera une capacité totale de 580 MW à horizon 2018. La première tranche, Noor Ouarzazate I, a été inaugurée par le Roi Mohammed VI en février 2016, et permet une capacité pouvant atteindre 160 MW. L’énergie produite par la centrale solaire Noor I est évacuée au niveau du poste électrique 225 KV de l’ONEE situé au niveau du complexe Noor Ouarzazate. Cette électricité est par la suite évacuée sur le réseau national, grâce au renforcement opéré par l’ONEE et pourra ainsi être utilisée partout au Maroc, en fonction des besoins. Noor I permettra de livrer 600 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation de 630.000 habitants à travers le Royaume. Les autres tranches du projet, à savoir Noor II, III et IV sont dans de différentes phases de réalisation.
L’énergie éolienne n’est pas en reste. Un rapport publié en avril 2016 par le Global Wind Energy Council (GWEC) estimait à 787 MW la capacité installée cumulée d’énergie éolienne enregistrée au Maroc entre 2014 et 2015. Le Royaume est ainsi le troisième producteur d’énergie éolienne en Afrique et au Moyen Orient, derrière l’Afrique du Sud et l’Egypte.
Toutefois, une meilleure place est à envisager avec la mise en service prévue entre 2017 et 2020 de plusieurs nouvelles centrales éoliennes avec une capacité globale de 850 MW. Ces projets seront basés à Laâyoune (300 MW), Essaouira (200 MW), Midelt (150 MW), Tanger (100 MW) et Boujdour (100 MW).
Pour accompagner son grand pari des énergies renouvelables, le Maroc a revu son arsenal juridique en la matière. Le 27 août 2015, le Conseil de gouvernement validait la loi 58-15 complétant la loi 13-09 sur les énergies renouvelables. Une démarche qui a plusieurs avantages et permet donc de stimuler davantage le secteur.
Réglementation étoffée
Le nouveau texte offre, entre autres, la possibilité de vente de l’excédent d’énergie renouvelable produite à l’ONEE (réseau HT et THT), mais surtout le principe de l’ouverture du marché électrique de sources renouvelables de la Basse Tension (BT) alors que l’ancienne loi limitait la connexion des installations de production électrique de sources renouvelables aux réseaux haute et très haute tension.
Ces mesures permettent alors d’attirer plus d’investissements dans le secteur des énergies renouvelables, notamment des sociétés privées, et de baisser ainsi le coût de l’énergie. Une dynamique qui ne peut que profiter au consommateur, mais aussi au marché du travail avec la création de plus de postes d’emploi liés à ce secteur