LE TEMPS DES ASSISES

Seddik Mouaffak

L’OCCASION DE PASSER AU CRIBLE LES FAIBLESSES DE NOTRE MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT.

En attendant le temps de l’action, voici venu le temps des assises en l’an 2019. Des assises nationales pour un retour de l’équité fiscale, nous dit-on. Assises prévues les 3 et 4 mai à Rabat. Des assises du commerce, prévues pour le mois d’avril, dont le but n’est autre que de trouver un accord qui va au- delà de la question du contrôle fiscal et de marchandises des commerçants casablancais de Derb Omar et Derb Soltane en colère.

Des assises de la formation et de l’emploi en mars, en vue de trouver des réponses à la baisse de qualité des prestations fournies par l’ Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (Ofppt), et ce, malgré l’augmentation du nombre d’élèves et d’apprentis. Soit autant de thèmes qui ne doivent pas faire l’économie d’intégrer la donne globale qui est celle de la refonte du modèle de développement. Un modèle qui a montré ses limites comme en témoigne le niveau de croissance, qui a du mal à créer de l’emploi. C’est pour cette raison que les organisateurs des assises de la fiscalité, par exemple, doivent saisir cette occasion ne serait-ce que pour chercher comment le système fiscal peut être mis à contribution pour dépasser non seulement les distorsions énormes de notre fiscalité mais aussi et surtout les faiblesses avérées de notre modèle de développement, à savoir le chômage des jeunes et des diplômés et l’aggravation des inégalités, deux phénomènes structurels.

Or, il se trouve qu’avec la note de cadrage des assisses de la Direction générale des impôts qui a déjà fixé les principes et les règles auxquels le futur système devrait obéir, le débat souhaité risque d’être biaisé. Si l’on souhaite un vrai débat, ne faut-il pas se focaliser sur ce qu’il faudrait faire pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace? Côté justice fiscale: jusqu’à quand les catégories sociales qui profitent du système de rente actuel ainsi que les divers groupes de pression continueront-ils à profiter des dérogations et des exonérations de toutes sortes? Jusqu’à quand le dispositif fiscal actuel continuera-t-il à profiter aux spéculateurs au détriment de ceux qui exercent un travail productif, véritable créateur de richesses? Côté efficacité: est-il optimal de concentrer les recettes fiscales sur un petit nombre d’entreprises (IS) et de salariés (IR)? Le régime TVA est-il adapté à tous les opérateurs économiques? Ne faut-il pas mettre en place un impôt simple et pratique lié à la capacité contributive de chacun?

Revenons aux assises de la formation et de l’emploi, est-il logique de continuer à investir dans un dispositif de formation professionnelle en total décalage avec les réalités socio-économiques? Un dispositif de formation qui bloque toute remise en cause des méthodes pédagogiques en phase avec l’expérience en entreprise. Il n’existe aucune réponse évidente à toutes ces questions. C’est bien pourquoi elles mériteraient d’être mises sur la table, argumentées et débattues. Vu leur complexité, il est difficile de dire à l’avance ce qu’il en sortira, c’est le principe de tout débat qui se veut démocratique.

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