
Le processus démocratique au Maroc a gagné d’importantes enjambées avec le bon déroulement des dernières élections et la bonne supervision du ministère de l’Intérieur et du Gouvernement. En revanche, le principe de reprendre les mêmes visages (restons polis), avec plus de rides et de courbes dorsales, pour recommencer les mêmes tractations que par le passé est encore bien ancré dans les habitudes. Les transactions sont en cours pour désigner les gardiens des temples budgétaires des régions et des communes. Ils vont pouvoir en profiter dans l’intérêt compris et convergent de soi, du parti et enfin et peut-être du commun des mortels.
La ribambelle de profiteurs et grosses légumes connues pour être des accaparateurs nationaux, des agioteurs internationaux et des spéculateurs locaux n’ont pas eu d’états d’âmes à utiliser les partis pour arriver à leurs fins, sourire ultra-brite aux lèvres et torse bombé d’autosatisfaction. Je pense que les partis n’ont pas hésité à mettre ces énergumènes en tête de liste pour se prémunir de leur pouvoir de nuisance.
C’est le bémol négatif de ces élections. On vote pour un parti qui peut coopter des «boursicotiers politiciens» à la tête de ses listes. A force d’accrochages, de lâchages et de donne-moi cette ville je te refile ces patelins, on risque de se retrouver avec des ripoux officiels à la tête d’une région, d’une commune ou d’un conseil préfectoral. L’enjambée démocratique, n’a pas pu, malgré la loi, éviter non plus les habituelles transhumances à la veille des élections. Le calcul politique n’a pas dérogé à la règle de la tambouille électorale. Changer de veste à la veille des élections pour s’offrir au plus offrant est une forme de prostitution politique qui n’a rien à envier à celle péripatéticienne.
La seule différence entre les deux, est que la dernière est craintive de toutes sortes de poulets alors que la première ne craint plus personne, y compris Dieu lui-même. La dernière est toutefois marchande de bonheur là où le transhumant est marchand d’arnaques.
Le plus étonnant encore est noté pendant la campagne électorale. Les flyers des partis bourrent les boîtes aux lettres et tapissent en saleté les parterres et les abords des routes et des chemins. Bon nombre de ces photos fournies pour ces flyers par les candidats aux listes ne sont ni photogéniques ni étudiées pour donner confiance à l’électeur. En passant en revue certaines de ces photos, on a plus l’impression d’avoir affaire à des faciès de truands qu’à des visages d’honnêtes citoyens. Pour certains d’entre eux, on est presque sûr, avec très peu de perspicacité physionomique, d’y voir clairement leur côté concussionnaire surdimensionné, vorace et immoral.
La bonne nouvelle de cette élection est la fin prédite de notre hâbleur national Hamid Chabat. La raclée qu’il a reçue devrait l’obliger à aller bricoler ailleurs. Penser ainsi, c’est mal connaître le vendeur de paroles. Il va crier de toutes ses forces qu’il est le deuxième parti du pays en termes de sièges obtenus et que les élections se sont déroulées dans une ambiance délétère. La bonne nouvelle pour les responsables qui ont laissé l’argent du contribuable s’effriter à la Samir, c’est que ces élections ont fait oublier l’affaire de la Samir et la responsabilité de l’État marocain depuis 1996 dans la vision et le laissez-pourrir qui l’a mise par terre. Et ce n’est pas tout...