L'amour au temps de l'islamisme

WISSAM EL BOUZDAINI

Les mœurs islamistes demeureront toujours un mystère


Quand il n’y a rien à se mettre sous la dent, il suffit juste de voir du côté des ministres PJD.

Vous savez ce que j’aime le plus chez nos islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD)? C’est que quand une semaine est creuse et qu’il n’y a rien à se mettre sous la dent pour une chronique, surtout quand on vous demande de vous y atteler en plein bouclage, il suffit juste de voir si l’un d’eux a dit ou commis une bêtise, ce qui 99% du temps est le cas (pas la peine d’aller chercher en général au-delà du ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, Lahcen Daoudi, pour les plus flemmards). Vous pensez donc bien que cette semaine je n’ai pas été déçu; j’ai même le choix entre le président du conseil national du PJD, Abdelali Hamiddine, qui nous explique que «la monarchie dans sa forme actuelle handicape le développement, le progrès et l’évolution» du pays, et les rumeurs sur le deuxième mariage du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mohamed Yatim. Commençons donc par le sujet le plus sérieux, à savoir le second.

Au moment même où j’ai débuté l’écriture de cette chronique, M. Yatim envoyait à toutes les rédactions du pays un communiqué démentant toute tentative de sa part de prendre une deuxième épouse, et clamait même son opposition à la polygamie, position qu’il n’a «jamais changé», voulant par là dire qu’il a toujours été contre l’idée (surtout, j’imagine, quand sa femme est juste à côté, mais passons). L’information avait été publiée le 9 juillet par le journal électronique Alyaoum24, qui avait révélé qu’un ministre du gouvernement Saâd Eddine El Othmani, sans désigner ce ministre par son nom, avait vainement tenté de convaincre son épouse de l’autoriser à se marier avec une trentenaire qui se serait à plusieurs reprises rendue à son domicile pour lui prodiguer des soins, sans mentionner lesquels. Et de préciser que cette trentenaire avait l’âge des enfants dudit ministre, ce qui revenait à dire que ce dernier n’était plus vraiment tout jeune.

Qui était-ce donc? M. Yatim a, dès la publication de l’article d’Alyaoum24, été pour beaucoup le candidat tout trouvé, surtout qu’il s’était vu appliquer en février dernier un plâtre à la jambe suite à une blessure et qu’il aurait donc pu avoir droit aux visites d’une kinésithérapeute, et d’ailleurs le journal électronique Le360, se basant sur ses «investigations» validait dès le lendemain ces supputations, en y allant même dans le menu détail. Non seulement la demoiselle serait effectivement kinésithérapeute, affirmait-il mais une véritable histoire d’amour serait née entre elle et l’impétueux ministre. À lire entre les lignes, le communiqué de M. Yatim n’est pas vraiment un démenti, puisqu’il «refuse» seulement d’aborder le sujet -terme employé au début du texte. Qui croire? En tout cas, les moeurs islamistes demeureront toujours un mystère, puisqu’il faut rappeler que l’ancien ministre PJD chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile, Lahbib Choubani, avait été débarqué du gouvernement en mai 2015 après avoir décidé de prendre pour épouse sa collègue au gouvernement, Soumia Benkhaldoune, ministre déléguée à l’Enseignement supérieur, alors même qu’il était déjà marié (elle-même l’était et avait dû divorcer pour contracter le nouvel acte de mariage).
Quant à M. Hamiddine, faut-il vraiment prendre le temps d’en parler?

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