La divorcée


Actuellement en salle, un film réalisé par Rachid Laaroussi


Asmae, une femme qui n’a connu de péché que le divorce se voit tournée par les mauvaises langues, fusillée du regard, accusée à tort. Les coups ne manquent de pleuvoir au besoin. Oui, péché, car pour la société c’en est un.

La divorcée, un long métrage de Rachid Laaroussi, pointe du doigt un mal de tous connu. Un titre à contextualiser, car mis dans le préconçu de notre société, on le voit plein, et battant. Un titre assez bavard, car tout se défile aux yeux du Marocain avant de les balader sur le film. Il sait qu’on tape fort sur la divorcée, il est donc aux aguets pour vérifier sa prémonition. Il a vu juste et se délecte de son flair. Car il tombe droit dans le quotidien d’Asmae.

Une jeune femme toute faite, qui fait sa vie avec mesure, la gagnant à sa sueur, pleine d’elle même, ne requérant qu’un esprit reposé. De quoi? Des bruits de couloirs, et des ragots qui s’entassent sur elle comme mouches. Elle est sous la botte d’une société sans pardon. Un mot faussé, mais à raison, car il légitime sournoisement un forfait commis par la jeune Asmae. Comme si c’était pécher, que de divorcer. Rappel est fait aux enseignements sacrosaints qui mettent le divorce au rang des permissions les mieux haïes de dieu. Ce qui donne la part belle à l’expression déjà.

Mais il est des choses dont la société, quoique pliant échine au divin, ne s’accommode pas. La culture serait-elle plus maîtresse des lieux que ne le sont les sept cieux? Sûrement. Entre ciel et terre, Asmae est matraquée, par chaque quidam que le bon dieu fait, et le jour durant. Pillée des regards, et tournée par les mauvaises langues, sa vie a tout d’un délit. Elle n’est épargnée de quasi-personne, ses proches font foule avec le reste des calomniateurs. Sa condition déplaît fort. C’est tout juste si on ne lui accole pas le mot de traînée. Ou si… c’est chose faite.

Dérision et honte
Elle n’a de cesse que de buter contre des embûches allant jusqu’à son lieu de travail. Les avances ne tarissent pas. Respectueuse, observant de près ses limites et les convenances du milieu, elle repousse plus d’un. Mais le malheur frappe encore, Asmae, se voit limogée pour faute qu’elle soit, dans l’esprit rapiécé de son supérieur, une femme à problèmes. Son frère, macho qu’il est, prend le dessus sur elle. Comme une mise sous tutelle. Elle est tabassée quand le patriarche juge bon de le faire. A la fois un objet de dérision et de honte, elle vivote sans plus. Le flux de mémoire irrigue au besoin sa petite vie pour la parachuter dans un passé noir ébène. Battue, insultée à mort par son ex-mari, se tirer de ce venin de vie fut un ultimatum crié haut par le reste de sa dignité. Son père, ayant, contre tout le tenable, remué ciel et terre pour lui faire porter les digressions du mari, l’obliger par cela de le souffrir, mais rien n’y fit.

A présent elle paie, non pas au simili, mais de la vie qui lui reste. Ainsi, et par l’entremise d’Asmae, l’idée glosée sur le bas vécu des femmes divorcées se fait on ne peut plus sonore. Aussi voit-on, en marge de cette vie arrachée, l’enfant issu d’un ménage éclaté. Il regrette un vide qui désormais pèse lourd.

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