Honneur à la sardine



C’est connu, y compris dans les régions les plus éloignées des côtes, la sardine n’est pas un poisson noble parmi la grande famille de ses espèces. La sardine est cataloguée poisson des pauvres, bien qu’elle soit consommée par toutes les catégories sociales. Vu sous cette étiquette peu glorieuse, elle devrait être à un prix aisément accessible. Ce qui n’est pas le cas actuellement, Ramadan oblige, alors que ce mois sacré n’oblige à rien du tout, hormis la retenue en matière de consommation.

Rarement la sardine n’a fait l’objet de tous ces égards, sous les regards. Elle s’est valorisée par des tarifs qui peuvent atteindre les 30 dh le kilo, au lieu de la fourchette habituelle de 3 à 8 dh. Cette flambée est d’autant plus surprenante que l’offre dépasse de loin la demande. Exemple. Au port de Casablanca, les sardiniers proposent 300 tonnes dont ils n’ont écoulé que 250 tonnes, soit un surplus de 50 tonnes. Selon la loi du marché, cette pêche excédentaire devrait jouer en faveur d’une baisse des prix. Rien n’y fait.

Les regards se tournent vers les intermédiaires peu scrupuleux, qui profitent du Ramadan pour pressurer une clientèle avide de poisson. Seulement voilà, ces intermédiaires ne prennent même pas la peine de se déplacer loin de leur port d’attache pour s’approvisionner. Ils opérent à proximité des grossistes et fixent in situ les prix à leur guise.

Faute d’argument rationnel, on en arrive à admettre que notre commerce n’obéit pas à la loi du marché, ni à aucune autre loi. Il est sans loi ni foi. Entre baisser les prix ou anoblir la sardine, le choix est vite fait

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