Un Hirak de bon voisinage

L'ingérence marocaine dans le Hirak algérien, une fixation pathologique sur le Maroc. L'Algérie veut exporter son Hirak.

On sentait venir l’accusation d’implication du Maroc dans le Hirak algérien en cours. Après quatre vendredis de suite, cette attente indésirable et par trop lancinante, a pesé sur le cercle de la Mouradia où l’on fait une fixation pathologique sur le Maroc. La fausse nouvelle est finalement tombée.

Des médias ayant pignon sur rue en France, mais néanmoins sous influence algérienne; de même que des publications ouvertement à la solde d’Alger, ont installé la main occulte de Rabat dans le Hirak algéro-algérien. Ils ont fait écho à la diplomatie algérienne qui a sorti de son chapeau une ingérence inqualifiable du Maroc dans une explication à même la rue qui ne concerne que les Algériens.

Eureka à la Mouradia; on se frotte les mains, car on a enfin trouvé la raison qui a fait sortir les Algériens de chez eux. Tout au moins, le Maroc y est pour quelque chose, sinon pour beaucoup. Le démenti de Rabat, tout à fait conforme aux bons procédés diplomatiques, même en situation d’agression gravissime à l’égard d’un voisin immédiat, était nécessaire; mais jamais suffisant. En ce sens qu’il ne peut rien enlever à ce ridicule qui ne tue plus. Si ce n’était pas le cas, le monde arabe en particulier aurait été allégé d’un trop plein pour rien.

Ce n’est pas la première fois que l’Algérie nous invite malgré nous à partager ses malheurs sociaux. Il faut juste rappeler que le Maroc était régulièrement accusé d’interventionnisme sournois dans la guerre civile qui a endeuillé l’Algérie de 1992 à l’orée du 21ème siècle.

Hassan II disait que l’on peut à la limite tout faire dire à l’histoire, aussi têtue soit-elle, mais on ne peut rien contre la géographie. Autrement dit, nos élites peuvent se délocaliser, pas les territoires à leur charge. Nos ennemis intimes de l’Est puisent régulièrement dans ce baromètre du ridicule sans vergogne et sans coup férir; ils n’ont pas pour autant touché le fond, et ce n’est pas faute d’essayer. À titre d’exemple, ils étaient à deux doigts de nous faire endosser la responsabilité du caractère sismique de la géologie algérienne. On aurait alors été mis à l’index comme fauteurs de secousses telluriques de différentes magnitudes, tout autant que leurs dégâts collatéraux. Ce qui nous aurait valu d’être mis au ban de la société des nations. Nous l’avons échappé belle.

Le Hirak algérien n’aura fait que raviver le sentiment manichéiste d’un ogre marocain qui ne veut pas que du bien à son voisin de l’Est. D’autant plus que celui-ci prône un tiers-mondisme universel et hors du temps. Un champ ouvert sur toutes les démagogies discursives avec à la clé une overdose de romantisme décalé. En clair, une posture en retard d’une guerre idéologique. Les jeunes hitistes, quotidiennement adossés au mur sur les hauteurs d’Alger, ne voyant rien venir à l’horizon, rêvent d’être à bord des navires en partance vers d’autres cieux. Les moins jeunes, ne pouvant plus grimper les marches qui mènent à Bab El Oued, n’en pensent pas moins, en regardant les autres marcher vers un futur improbable. Ils étaient néanmoins largement représentés dans les manifestations massives des grandes villes.

Difficile de leur dire que les vaillants garde-frontières algériens et autres limiers du renseignement, ont levé le voile sur une grande machinerie marocaine contre la paix, la stabilité et le développement de l’Algérie. Cette politique fiction ne prend plus. Par contre, il y aurait eu moins de Hirak en Tunisie, au Maroc, en Algérie, en Libye ou en Mauritanie si les gouvernants d’Alger avaient fait en sorte qu’une économie intégrée à 5 était devenue une réalité et non une fiction durable. Un Maghreb à parts égales, plutôt qu’une rêverie boumedianniste d’hégémonie algérienne.

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