FAOUZI SKALI : "Il est temps de revenir à un Islam de civilisation et de culture"

FAOUZI SKALI, président du festival de Fès de la culture soufie

Le festival de Fès de la culture soufie a organisé sa dixième édition du 14 au 21 octobre 2017, sous le thème «la route du soufisme, du Maroc vers l’Inde». Une édition réussie qui a tenu toutes ses promesses. Le président du festival, Faouzi Skali, explique le rôle de ce festival pour la culture au Maroc.

La 10ème édition du festival de Fès de la culture soufie a choisi comme thème “La route du soufisme, du Maroc vers l’inde”. Pourquoi ce thème?
C’est un thème qui montre et reflète toute la profondeur et la richesse de la culture soufie ainsi que son universalité à travers les continents. C’est aussi l’occasion de souligner le rôle du festival de Fès dans la consécration du positionnement du Maroc dans le dialogue civilisationnel et culturel. Car le soufisme porte en lui ce potentiel de valeurs, de reconnaissance de l’autre, de l’altérité et du respect de la diversité. C’est extraordinaire ce que cette culture, qui est au coeur de notre civilisation et de notre religion, a fait valoir, à travers sa littérature et sa pensée, cette dimension de la reconnaissance de la diversité humaine.

Vous appelez à la création d’une université du soufisme. Quelle sera sa mission?
Sa mission serait d’enseigner toute la beauté et la richesse du patrimoine soufi. Cette université répond, à mon avis, au besoin pour les gens de prendre conscience de la richesse de ce patrimoine, qui est l’un des plus importants au monde.
Il est absolument important, à une époque où on veut réduire parfois la religion à une expression monolithique, rigide et formaliste, de se rendre compte de ce qu’a produit cette civilisation en termes de poésie, de pensée, d’art et de spiritualité. L’idée est d’autant plus importante que le Maroc constitue un terreau particulièrement riche et fécond de cette culture soufie.

Le soufisme promeut-il une certaine idée de l’islam marocain?
Oui, tout à fait. Le soufisme est, en fait, cette culture riche et variée, ouverte sur le monde, de cet islam marocain basé sur les questions d’éthique, de comportement, de spiritualité, de valeurs, de liaison sociale et de richesse des relations humaines. Même si l’islam est un, il s’exprime de façons multiples qui font partie de sa richesse intrinsèque.

Comment jugez-vous la présence étrangère pendant cette édition?
Une présence importante et significative. Beaucoup d’intellectuels d’Afrique, d’Europe, d’Asie et d’Amérique ont pris part aux tables rondes et aux chants religieux, animés par la passion de vivre et revivre la spiritualité de la culture soufie. Ils sont particulièrement attirés par cette culture qui transcende désormais les frontières mondiales. C’est ce qui fait la force réelle du soufisme.

Pensez-vous qu’il est temps de revenir à un islam de civilisation et de culture?
Par les temps qui courent, il est temps, pour moi, de revenir à un islam de civilisation, de culture. Car nous savons que la perception de l’islam, et tout ce qui s’interprète en son nom, constitue l’une des problématiques les plus importantes pour notre époque pour l’ensemble de la planète, et que le fait de mettre en avant cet islam de civilisation de sagesse s’avère une nécessité fondamentale.

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