Les deux visages de la probité

Driss Fahli
Karl Marx, Friedrich Engels et même Ali Yata, le communiste forgé à maréchalerie hassanienne doivent se retourner dans leurs tombes à voir Nabil Benabdellah, Chef du moment du PPS, s’amalgamer avec Abdelilah Benkirane, également Chef pour pas longtemps d’un PJD d’obédience islamiste et populiste. Pour cet ex-communiste, la religion n’est plus l’opium des peuples, coupée avec le politique, elle devient un shit de consécration, une manière de se kiffer du confort social et pécuniaire des fauteuils ministériels.
La dernière occasion de l’amourette entre les deux personnages a été montrée lundi 5 septembre 2016 à Skhirat à l’occasion de la communication du bilan des réalisations du PPS dans les secteurs qu’il a gérés au sein du gouvernement qui arrive à péremption.
Idéologiquement, la liaison est contre-nature. Mais nous savons tous qu’à l’approche des élections, le contre-nature et l’idéologique ne pèsent rien devant l’alliance partisane et l’ambition ministérielle des «figures de proue du parti». Ces sélections de poupes ne sont en réalité que des désignations d’espèces de figurines en chair et en os, prêtes à tout faire pour décrocher la timbale.
Dans cette course au godet, le RNI, quant à lui, veut montrer ses croques. C’est ainsi que Mezouar, son SG, qualifie les membres des ses listes électorales de «lions» sachant d’avance que la fable sied plus d’une comparaison avec les hyènes et les renards. Je parierai bien un kopeck contre rien du tout, pour supposer que le Chef des Rnistes faisait allusion aux lions du cirque politique que nous n’allons pas manquer de subir prochainement. De toute façon, au Maroc on sait bien que le seul lion qui reste, bien qu’en mauvais état, est celui en pierre de la ville d’Ifrane. Je ne compte pas les lions asservis des zoos politiques qui ont perdu leur combativité. Toute cette digression m’amène loin de mon sujet qu’est l’alliance artificielle du PPS et du PJD.
Ainsi, contents d’eux-mêmes, les ministres PPS se sont félicités de leur action au sein du gouvernement Benkirane. Une communication à Skhirat pour renouveler le bail de l’alliance avec le PJD et dire qu’ils sont prêts à rempiler pour un tour ou plus. Que les électeurs du PJD qui ont voté pour lui sur la base ressentie d’un conservatisme de la probité peuvent troquer leur vote pour un «progressisme de la vertu et de l’honnêteté» et voter pour le PPS. Somme toute, chers électeurs, préférez la gueule progressiste de la probité, représentée par le PPS à sa face masquée par le conservatisme islamique simulée et prônée par le PJD. Tout un programme où, comme d’habitude, les bonnes paroles ne beurreront jamais les épinards.
Historiquement, selon le livre de Maher al-Charif et de R. Gallissot, «Le Mouvement ouvrier, communisme et nationalismes dans le monde arabe» et ce, depuis le congrès régional d’avril 1937, «… les communistes marocains n’ont jamais eu d’orientation nette à donner à leur parti ni sur la politique à suivre à l’égard des Marocains».
Dès 1938, ils furent divisés en 3 parties: Un groupe «clarté» casablancais sous la houlette de Léon Sultan, un deuxième à Rabat constituant une sorte de front populaire et un troisième à Meknès proche des conceptions de Rabat.
C’est toujours la même image trimbalée par le PPS: un groupe pour Benabdellah et son alliance islamiste, un autre contre lui mais toujours au parti et un troisième groupe, plus à gauche, qui, dégouté par une telle dérive dégoulinante, a dû quitter le parti. Ceci dit, votez pour qui vous voulez, il y aura toujours un lapin coloré qui sortira du chapeau