Comment le Maroc tire son épingle du jeu avec le Venezuela

Rabat premier soutien africain de Juan Guaido

S’il y a un pays qui devrait gagner d’un changement de régime au Venezuela, c’est bien le Maroc.

Si jamais changement de régime il y a au Vénézuela, il y aura certainement des gagnants et des perdants. Et dans ce registre, indéniablement, le Maroc se retrouvera dans le premier rang. En effet, le pouvoir chaviste, actuellement aux commandes, mène la vie dure depuis plusieurs années au Royaume concernant son Sahara, dont il soutient la séparation au profit du Front Polisario; raison pour laquelle Rabat et Caracas ont rompu leurs relations en janvier 2009, avec le transfert de l’ambassade du Maroc dans la capitale vénézuélienne en République dominicaine. Juan Guaido, président de l’Assemblée nationale depuis le 5 janvier 2019 et président autoproclamé du Venezuela, se présente lui, assurément, sous un autre jour, puisqu’on l’a vu, ces dernières semaines, faire du pied aux autorités marocaines en se disant prêt à «relancer, sur des bases saines et sereines, les relations de coopération». C’est ainsi lui-même qui avait sollicité l’entretien avec le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, que les deux hommes ont eu au téléphone le 29 janvier.

A cette occasion, le chef de la diplomatie avait pour sa part exprimé le soutien du Maroc aux actions menées pour répondre aux aspirations des Vénézuéliens à la démocratie et au changement. On l’imagine, M. Guaido est, d’abord, en train de jouer sa propre partition, dans la mesure où il a besoin de soutiens pour légitimer sa fronde à l’encontre de Nicolas Maduro, qui se dit également président. Mais tant que cela fait l’affaire du Maroc et, que surtout, cela ne va pas à l’encontre de la volonté des Vénézuéliens, qui lui semblent largement acquis, pourquoi pas? C’est en tout cas le calcul que semble avoir fait Rabat. Ainsi, les contacts se prolongent encore des deux côtés.

Relations de coopération
Le 19 février, l’ambassadeur du Maroc à Lima, Youssef Balla, a, à cet égard, reçu Carlos Scull, représentant diplomatique de M. Guaido dans la capitale péruvienne. Ce dernier, à l’issue des entretiens, a réitéré les propos de son chef en déclarant, d’une part, vouloir «établir des relations de coopération avec le Maroc», et d’autre part en remerciant Rabat de son «soutien important», sachant que cette dernière a été la première capitale africaine à sauter le pas. «Nous saluons le soutien de la communauté internationale, y compris celui du Maroc,» a-t-il indiqué.

Si le Royaume n’a pas reconnu M. Guaido chef d’Etat, il faut rappeler que plusieurs Etats n’ont pas hésité à le faire à l’instar des Etats-Unis, du Canada et ceux de l’Union européenne (UE). Même dans sa région, M. Maduro se trouve de plus en plus acculé, comme l’illustre la rupture des relations avec la Colombie. Malgré ses réserves pétrolières, les plus grandes au monde, le Venezuela demeure globalement un pays pauvre, et sa situation n’a cessé de se détériorer depuis l’arrivée des socialistes menés par le président Hugo Chavez en février 1999 (ce dernier s’était vu succéder, suite à son décès en mars 2013, par M. Maduro)

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