
Les compagnies américaines en ont assez de la concurrence
Avant de commencer, il est nécessaire de dire que sécurité n’est pas sûreté. La première, intelligente et bénéfique, s’applique à réduire, à un niveau acceptable, le risque de l’exploitation aérienne de façon proactive et s’attaque à tous les dangers potentiels présents dans les systèmes opérationnels des exploitants. La sûreté, moins intelligente et plus invasive, est là pour faire face aux interventions illicites, criminelles ou terroristes.
Après l’émotion de l’attentat du World Trade Center en 2001, la sûreté a pris une telle impulsion qu’elle en est devenue un gros business aux gras profits. Des millions d’emplois d’agents de sécurité ont été créés aux USA et en Europe pour réduire le chômage invétéré qui les ronge.
Les équipementiers américains et européens s’en sont donné à coeur joie pour fabriquer des appareils de plus en plus pointus et chers qui farfouillent jusqu’aux plus intimes de nos intimités, lisent nos iris comme un livre ouvert, enregistrent nos empreintes, nos odeurs et même notre démarche qui, d’après Balzac, est le prodrome exact de notre pensée et de notre vie.
A titre d’exemple. Un jour, en se réveillant, un lobbyiste industriel a estimé que toutes les portes des cockpits des avions qui atterrissent aux USA doivent être blindées et certifiées par les autorités de l’aviation fédérale américaine. Belle idée génératrice d’un nouveau marché mondial. Des milliards de dollars vont pouvoir tomber dans les caisses du trésor américain et celles des multinationales qui fabriquent ce genre de gadgets. Ce fut chose faite. Depuis, sauf erreur, presque aucune tentative de violation de portes de cockpit n’a été signalée. Par contre, la dernière catastrophe de l’Airbus A320 de Gemanwings avec ses 150 fatalités a bien eu pour cause majeure une porte de cockpit blindée verrouillée.
Jusqu’à présent, toutes les mesures limitatives de sûreté avaient concerné toutes les compagnies aériennes sans distinction de race ou de religion.
Aujourd’hui la donne a changé. Le transport des ordinateurs, Ipad, cameras personnelles, etc., n’est plus autorisé dans les cabines passagers des compagnies arabes opérant sur des lignes à destination des USA. Ce n’est certainement pas une mesure de sécurité car ces appareils peuvent être passés au crible par les agents de sécurité avant l’embarquement en vue d’y détecter toute trace de malfaisance.
En réalité, les compagnies américaines et leurs suiveuses en ont assez de la concurrence des compagnies arabes et turques, qui raflent tous les passagers à haute contribution, grâce à une qualité de service inégalable. Pour permettre à leurs compagnies aériennes de se rétablir, rien de mieux que l’instauration unilatérale de règles de sûreté distinctives applicables aux seuls Arabes, Turcs et musulmans.
Pire que cela, le transport en soute d’appareils munis de batteries au lithium présente un énorme danger de feu non maîtrisable avec émission de gaz inflammable et explosif. Grâce à la décision américaine, ce danger est maintenant multiplié du fait de la présence de plusieurs batteries au lithium juxtaposées en soute. Soumises à un niveau de chaleur donné, un feu intense est produit en chaîne.
La température engendrée pourrait atteindre les 1000°C. En présence d’une telle température, la protection incendie de la soute restera très hypothétique. Vous me diriez que tout cela n’est pas grave. Quelques accidents de compagnies moyen-orientales ou quelques Arabo-musulmans en moins ne sont rien devant un grand projet que celui de «Make America Great Again»