
Son dernier passage en février 2015 à la chambre des représentants, chambre basse du parlement, avait fait date. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, avait déclaré en réponse à une invective de la présidente du groupe Authenticité et modernité, Milouda Hazeb, que «le », son parti politique, le Parti de la justice et du développement (PJD), dont il est secrétaire général, «est plus grand» que celui de Mme Hazeb, le Parti authenticité et modernité (PAM). Une formulation dont l’ambiguïté avait fait polémique.
Pour son retour à la chambre des représentants, M. Benkirane a fait tout au moins fort. Visiblement «recadré» –plus aucune apostrophe de l’opposition depuis sa réception début avril 2015 à son domicile dans la capitale, Rabat, des conseillers du roi Mohammed VI, Fouad Ali El Himma et Abdellatif Menouni–, il n’a néanmoins pas manqué de recouvrer ses anciennes habitudes. La confrontation avec l’opposition a été des plus houleuses. Le président de la chambre, Rachid Talbi Alami, a même dû se résoudre, devant la violence des échanges, à mettre fin à la séance, plus courte que d’habitude. Faisant appel au référentiel religieux musulman, M. Benkirane a qualifié l’opposition de «faible d’esprit». Plus précisément, il s’agit du mot «safih», tiré du Coran, livre sacré de l’Islam. Absent de la séance, Hamid Chabat, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal (PI), dans l’opposition, en a notamment pris pour son grade. M. Chabat avait en juillet 2014 dans une question à M. Benkirane à la chambre des représentants accusé le chef du gouvernement de liens avec l’Organisation de l’Etat islamique (OEI), terroriste, et le Mossad, le renseignement israélien. Des accusations que M. Benkirane a données comme exemple de la «faiblesse d’esprit» d’après lui de l’opposition.
Celle-ci pour sa part, notamment par la voix du premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), Driss Lachgar, également traité de «safih», accuse M. Benkirane de vouloir noyer le poisson. M. Benkirane aurait d’après elle été acculé; accusé de fomenter un nouveau programme d’ajustement structurel sur le modèle du programme du même nom imposé par le Fonds monétaire international (FMI) au Maroc en 1983. M. Lachgar, qui dénonce une «provocation», a demandé les excuses de M. Benkirane. La majorité pour sa part a critiqué ce qu’elle qualifie d’«entrave» de l’opposition. Cette dernière a été accusée de travail de sape par le président du groupe Justice et développement, Abdellah Bouanou.
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